Le Blues avant 1945

Blues classique –  L’exception  urbaine

CapitolTheatersilasGreenShowCe sont des chanteuses noires issues du music hall, du vaudeville et des comédies musicales de Broadway faisant partie du T.O.B.A1  (Theater Owners’s Booking Association) qui découvrirent ce style musical inédit.

Elles faisaient partie de troupes de théâtre et de cirque en tournée dans le Sud. À cette occasion, elles découvrirent l’existence de ces bluesmen ruraux et, séduites par ces chants originaux en 12 mesures, elles les adoptèrent et les mirent à leur répertoire . Elles délaissèrent un peu les rengaines écrites par Cole Porter, Irving Berlin, Ira Gershwin, dans la Tin Pan Alley de New York au profit des blues mais gardèrent le même type d’accompagnement : orchestre de Jazz ou pianiste de jazz et le succès fut, d’emblée, considérable.

 

MamieSmithC’est  Mamie Smith qui enregistra le premier blues de l’histoire, Crazy Blues, en 1920 avec l’orchestre de Perry Bradford. L’ampleur des ventes fut tel que Mamie Smith fit une longue carrière et qu’elle fit des centaines d’émules dont les plus célèbres furent  Bessie Smith (l’Impératrice du blues), Gertrude « Ma » Rainey (la mère du blues),  Victoria Spivey, Ida Cox, Alberta Hunter, etc. 

IdaCox AlbertaHunter

 

 

BessieSmith   MaRainey  JoeTurner 

Ce style connut un revival dans les années 1950-60 avec des blues-shouters  au sein d’orchestres de jazz (Big Joe Turner, Jimmy Rushing, Jimmy Witherspoon, Joe Williams avec Count Basie) et des chanteuses comme Helen Humes, Sippie Wallace, etc.,  puis à nouveau dans les années ‘90s. Et aujourd’hui encore, il y a  des artistes pour défendre ce style très proche.   

HelenHumes 

BessieSmith1925
Bessie Smith - L. Armstrong
1925
(Youtube)

 

 

Blues rural  phase 2

Ce style se développa  de manière exponentielle dans l’État du Mississippi au point que de nombreux musiciens furent obligés de migrer vers d’autres États car il n’y avait pas de place pour tout le monde. Un groupe quitta le Mississippi pour aller à l’Ouest et s’installer au Texas. Là, ces musiciens furent confrontés à une musique locale qui devait beaucoup à la musique espagnole adoptée par les Mexicains du lieu, un style Tex-Mex caractérisé par le recours des guitaristes aux arpèges (notes isolées en staccato au lieu d’accords) comme dans le flamenco. Combinant ces notions avec leur bagage de Mississippi blues, ils élaborèrent alors un style  rural propre à leur région d’adoption : le Texas Blues. Leur influence déborda sur l’Oklahoma, la Louisiane et l’ Arkansas.

Un autre groupe alla s’installer sur la Côte Est  (Géorgie, Caroline du Sud et du Nord, Virginie). Ces bluesmen y furent confrontés à des musiciens blancs des Appalaches et du Piedmont qui étaient des virtuoses de la guitare, du banjo, de l’harmonica et du piano. Pour survivre et travailler, les musiciens noirs durent devenir eux aussi des virtuoses de grande classe. Ils élaborèrent ainsi un autre style rural : l’East Coast Blues.

 


 

 

1 Theater Owners’s Booking Association que « Ma » Rainey traduisait ainsi : «Tough On Black Asses» car les salaires étaient très bas et les artistes ne jouissaient d’aucune considération.

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