Le Blues avant 1945

Les styles urbains avant 1945

migrationLes migrations Sud-Nord commencèrent déjà à la fin de la Guerre de Sécession. Elles reprirent de manière récurrente à chaque bouleversement sociétal comme la Première Guerre mondiale. Elles concernèrent des nombres assez réduits de personnes. En 1930 par contre, après le grand krach boursier de 1929, le marasme et le misère furent tels dans le Sud, plus encore que dans le Nord, que les Africains Américains quittèrent en masse les zones rurales du Deep South pour essayer de trouver du travail dans les grandes villes. Pour cela, ceux qui avaient de l’argent prirent le train ou le bateau. Mais pour la plupart, ce fut la marche à pied en remontant le Mississippi, par petites étapes, sur la fameuse Highway 61 entre New Orleans et Saint Louis. D’autres suivirent des grand-routes à l’intérieur des terres comme la Highway 49, entre Gulfport et Memphis ou encore la Highway 51 entre New Orleans et Memphis.

Les migrants à la recherche de travail furent suivis par des musiciens ruraux qui se retrouvèrent dans un contexte urbain  bruyant et  synonyme pour eux de la nécessité d’une amplification acoustique avec résonateurs, guitares métalliques, dobros… pour pouvoir se faire entendre d’un public difficile. Ils durent abandonner la formule solos/duos et s’associer en petits ensembles et, outre guitares et harmonicas, ils adoptèrent piano, violons, mandolines et instruments de «bric et de broc» faits main et peu coûteux : washboards, kazoos, mirlitons, sifflets…

 

Permier arrêt : Memphis, Tennessee

gus cannonMemphis fut la première ville de moyenne importance sur la route des migration. Il y avait là du travail dans les entrepôts de triage du coton et sur les docks. C’était encore à la frontière du Sud, le climat était clément toute l’année et c’était déjà une ville du jazz avec W. C. Handy, trompettiste et chef d’orchestre qui composa de nombreux morceaux pour les chanteuses de blues classique (Saint Louis blues, Memphis blues, Yellow dog blues…) utilisant le blues rural comme thème de ses créations.

Memphis Jug BandsGus Cannon
 

Il y avait peu de clubs pour les petites formations qui en étaient réduites à jouer aux coins des rues et sur les marchés publics, il y avait des String bands, des Jug Bands, des Washboard Bands, etc.  Leur musique était légère et festive et leurs instruments faciles à transporter (donc pas de piano), parfois faits maison.

Les meilleurs représentants de ce Memphis Blues urbain furent  Frank Stokes, Jim Jackson, Furry Lewis, Sleepy John Estes, Hammie Nixon, Memphis Minnie, le Memphis Jug Band, etc.

TheMemphisJugBand JimJackson
Memphis Jug Band
Memphis Shakedown (Youtube)
Jim Jackson
Kansas City blues (Youtube)

 

 

Deuxième arrêt : Saint-Louis, Missouri

LeroyCarrPetite ville, Memphis fut rapidement saturée et, faute de travail suffisant, les nouveaux migrants continuèrent leur périple vers le Nord avec, comme 2e arrêt, Saint Louis, un carrefour Nord-Sud et Est-Ouest où du travail était disponible sur les voies de chemin de fer et sur les docks. La ville était séparée en deux par le Mississippi et East St Louis était la ville noire.

Le climat plus rigoureux excluait la possibilité de jouer outdoors. Les musiciens de blues se rabattirent sur les clubs de East St Louis et créèrent une association improbable : des duos guitare-piano. Les plus connus furent Leroy Carr (piano) avec Scrapper Blackwell (guitare), Walter Davis (piano) avec Henry Townsend (guitare), Roosevelt Sykes (piano) avec Lonnie Johnson (guitare), Peetie Wheatstraw Lonnie Johnson, Kokomo Arnold, Charlie Jordan ou Charlie Mc Coy, etc.

 

Carr-Blackwell Weatstraw
Leroy Carr & Scrapper Blackwell
Midnight Hour Blues (Youtube)
Peetie Wheatstraw
Devil’s son in law (Youtube)

 

Peetie Wheatstraw Henry Townsend

Peetie Weatstraw - Henry Towsend

 

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