La réception de l'écriture hiéroglyphique à la Renaissance et aux Temps modernes

ficinL’interprétation des hiéroglyphes égyptiens dans un cadre symbolique s’intégrait alors dans la vision néo-platonicienne selon laquelle le monde, dans sa totalité, était constitué de symboles qu’il importait de déchiffrer. À l’origine de ce mouvement se trouve la grande figure de Marsile Ficin (15e s.), qui s’intéressa entre autres au Corpus hermeticum.

Marsile Ficin

À la même époque, fleurissait une abondante littérature sur les emblèmes, dont on faisait volontiers remonter l’origine aux Égyptiens. L’ouvrage d’Alciat, les Emblemata (1531), qui connut une centaine de rééditions, avec des traductions dans les principales langues d’Europe, et qui servit de modèle à ce genre, en est un bel exemple.

 

ValerianoLe terme « hiéroglyphe » connut ainsi une extension considérable pour désigner tout type de représentation ayant une signification seconde, et, pour bien faire, cachée. Ainsi Piero Valeriano dans ses Hieroglyphica, ou Commentaires sur les caractères sacrés des Égyptiens et des autres nations (1556), conçoit-il l’univers entier comme une combinaison complexe d’hiéroglyphes, dont les hiéroglyphes égyptiens ne forment qu’une partie.

Les hiéroglyphes dont s’occupent ceux qui travaillent sur les emblèmes et les allégories n’ont aucun rapport par leur forme et la thématique qu’ils véhiculent avec les signes égyptiens. La couleur égyptienne et les revendications d’authenticité professées dans ce type d’ouvrage doivent donc être prises comme autant de manifestations rhétoriques destinées à garantir le sérieux des auteurs.

Comme on l’a rappelé, l’intérêt pour les hiéroglyphes fut largement alimenté par la redécouverte de monuments égyptiens prestigieux, comme les obélisques romains. Depuis la fin de l’Antiquité, nombreux étaient ceux qui s’étaient écroulés et qui gisaient, souvent brisés, recouverts de terre.

Les papes de la Renaissance virent le profit qu’il y avait à tirer de la restauration de ces témoins de l’Antiquité païenne, qu’ils intégrèrent dans un programme architectural destiné à montrer la suprématie du christianisme. Nul autre sans doute que Sixte Quint (1520-1590) ne se montra à ce point ardent, au point d’être qualifié d’obéliscomane. On lui doit la restauration de quatre obélisques, auxquels il imposa le baptême chrétien : il s’agit des obélisques du Vatican, de Sainte-Marie-Majeure, de la Piazza del Popolo, et de Saint-Jean-du-Latran.


 

 

 Obelisque Piazza del Popolo (c)Neithsabes  Lobélisque du LatrandeplacementobelisqueLatran

À gauche : Obélisque de la Piazza del Popolo © Neithsabes - au centre : Obélisque de Saint-Jean-de-Latran © Magnus Manske - à droite : Déplacement de l'obélisque de Latran

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