Le fonds africain de l'Université de Liège

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Les Collections artistiques de l'ULg

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Dépositaire d'au moins 60 000 objets d'art ou d'archéologie de toute nature et origine, le service des Collections artistiques de l'Université de Liège a pour vocation de conserver, promouvoir et diffuser un héritage dont la valeur et la variété sont de moins en moins méconnues – elles ne l'ont jamais été à l'échelle internationale –, de favoriser son exploitation didactique et scientifique, et de mettre en lumière ses rapports avec l'histoire et le rayonnement de l'institution.

Dans cette dernière perspective, il convient de souligner que le caractère hétérogène de nos ressources est déterminé par la diversification des disciplines enseignées et des orientations suivies par les professeurs et les diplômés, à la générosité de qui l'Alma Mater doit l'essentiel de ses richesses. Dès son installation, celle-ci fut dotée de monnaies et de médailles destinées à alimenter les cours de philologie classique et d'histoire. Elle s'est par la suite constitué un très considérable fonds de peinture, de dessins et surtout de gravures, dont la formation, grâce au legs Wittert (1903), est inséparable de l'enrichissement de sa bibliothèque, le développement de l'art de l'estampe s'avérant lui-même intimement lié à l'essor du livre imprimé. Les collections de peintures et de sculptures animalières réunies par la Faculté de Médecine vétérinaire, d'objets préhistoriques, de moulages d'antiques, de photographies anciennes et d'instruments de laboratoire jadis conçus avec souci d'esthétique, fournissent d'autres exemples significatifs de la solidarité entre art et science.

Enfin, les dons d'institutions ou de particuliers, parmi lesquels figurent plusieurs artistes, tels les sculpteurs Idel Ianchelevici, Marceau Gillard et Jules Broens, le peintre Paul Cocagne, les graveurs Émile Hougardy et Joseph Bonvoisin, et le caricaturiste Draner, sont à la mesure de la confiance que l'ULg a su inspirer à la collectivité locale, ainsi que du rôle culturel que celle-ci a bien voulu lui reconnaître.

À gauche : statuette masculine Teke. Bois, coquillage et patine. La coiffure de type mupani, les yeux incrustés de coquillages, les oreilles sculptées en relief sont le pavillon et en forme de C, les lèvres proéminentes, la barbe trapézoïdale, le cou en cylindre sont des caractéristiques des statuettes Teke. Congo-Brazzaville
À droite : Masque facial Pende. Céramique, fibres, tresses. Un trait noir en forme de V marque les sourcils . Le front large préente un motif composé de deux V blancs et deux V noirs, qui devait sans doute rappeler les tatouages ou peintures corporelles. Ce type de masque était porté par les initiés.
 

 

L'origine des collections africaines

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Le fonds africain s'avère exemplaire à tous ces égards. Il a pour origine le legs de la collection d'objets africains du professeur Charles Firket, transmis par les héritiers de celui-ci le 31 mars 1928. Il sera complété par un ensemble de documents provenant de l'École coloniale liégeoise et offerts à l'Université par l'Association coloniale liégeoise en 1975, ainsi que par quelques donations ultérieures. La dernière en date, remontant à 1998, est due à un autre descendant de Charles Firket. Précisons encore que l'École coloniale, dépendant de la Ville de Liège, avait, et pour cause, fermé ses portes dès 1961. Au moment du don aux Collections artistiques de l'Université, l'association dépositaire comptait au moins quatre membres : un président, le général-major honoraire Paul Jacques, un vice-président, André Collignon, président émérite à la Cour d'Appel de Liège, un secrétaire, Jean Boulanger et un trésorier, Christian Doyen.

Tasse sculptée Kuba dont l'anse représente une figure anthropomorphe. Bois et patine.R.D.C.

Né à Liège le 2 septembre 1852, Charles Firket étudie la médecine à l'Université de sa ville natale.  Il s'oriente vers l'anatomie pathologique, qu'il enseigne en tant que chargé de cours, à partir de 1886, et professeur ordinaire, dès 1889. En 1896, Firket se voit attribuer une chaire pour l'initiation aux maladies des pays chauds, instituée à la demande expresse du roi Léopold Il. Les cours d'hygiène coloniale qu'il dispense en outre à l'École spéciale de Commerce annexée à l'Université de Liège le mettent en contact avec les fonctionnaires, médecins, commerçants et ingénieurs qui participent sur le terrain à la colonisation du Congo. Beaucoup d'entre eux lui serviront d'intermédiaires pour l'acquisition des pièces de sa collection. C'est, du reste, dans le souci de mieux faire comprendre le contexte ethnologique des pathologies tropicales que Firket constitue celle-ci, à partir de 1891. Il défendait en effet l'idée, partagée par de nombreux scientifiques de son époque, que l'éducation des cadres coloniaux devait comporter un volet ethnologique. Dans cette optique, des collections ethnographiques auraient été instituées dans toutes les universités belges.

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À gauche : Amulettes Hungana en os. Petites figurines en ronde-bosse agenouillées et portant les mains au menton. De petits trous y sont percés de façon à pouvoir les suspendre à un cordon. On peut sans doute les rattacher à des épreuves d'initiation réussies. R.D.C.
À droite : Tambour nedundu. Bois, clous en laiton, tissu. Ces grands tambours servaient à annoncer l'arrivée du roi et d'autres événements ainsi que pour accompagner les danses. R.D.C.

 

Chacun des fournisseurs, une vingtaine au total, est dûment répertorié dans l'inventaire rédigé de la main du collectionneur. Outre les deux fils de Charles, Henri et Frédéric, partis au Congo respectivement en 1910 et en 1912, Vanessa Mastronardi a identifié le mécanicien Jean-Léon Fréson, l'intendant Ernest Alexandre Drisse, l'officier de marine Émile Gentil, proche collaborateur de Brazza, et un homme à tout faire du colonialisme belge, le Liégeois Hubert Bure. Promu à l'éméritat en 1922, Charles Firket meurt le 30 mars 1928.

Jusqu'à la création du service des Collections artistiques en 1968, le fonds d'art africain est conservé à la bibliothèque de l'Université, mal équipée pour l'accueillir, malgré les efforts indéniablement déployés en vue d'assurer sa protection. Bien que délégué administrativement au nouveau service, le fonds africain est alors confié à la garde du service d'archéologie préhistorique, pour cause « d'affinités électives ». Son exploitation scientifique et didactique restera longtemps très limitée, en l'absence d'un enseignement véritablement spécifique dans la formation en histoire de l'art et archéologie.

Si quelques pièces étaient présentées en permanence au Musée de Préhistoire, les Collections artistiques prirent l'initiative de la seule exposition significative des fleurons de ce patrimoine, dans le cadre du 175e anniversaire de l'Université, en 1993. Ceux-ci figurèrent ensuite dans plusieurs expositions, organisées sous l'impulsion du Centre wallon d'Art contemporain La Châtaigneraie et de l'Espace 251 Nord. Le professeur Pol-Pierre Gossiaux créa un cours d'introduction ethnologique aux arts africains. La première étude systématique est due à Vanessa Mastronardi en 2004 dans un mémoire de licence en histoire de l'art et archéologie visant à établir le catalogue raisonné du fonds.

 

 
Collections africaines Collections artistiques
 
Léopoldville-Liège Liège-Kinshasa. Les collections africaines de l'Université de Liège, J.P. Duchesne (dir), Éditions de l'Université de Liège, 2006
 
 Le patrimoine artistique de l'Université de Liège, J.P. Duchesne (dir), Éditions du Perron, 1993
 

 

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