Big Moustache Bandits - Un architecte qui a le rythme dans la peau

Big Moustache Bandits, un groupe liégeois qui se définit de « hard rock and roll », vit comme une belle étape son passage au festival des Ardentes ce samedi 7 juillet 2012. La formation préparait son concert lors d’une résidence au centre culturel de Chênée. Nous y avons rencontré Julien Bernes, le batteur, qui est également sur le point de terminer ses études à la Faculté d’Architecture de l’Université de Liège.

Une vague de rock and roll déferle sur la petite cour auparavant silencieuse qui borde le centre culturel de Chênée. De l’autre côté d’une lourde porte, seuls dans la grande salle de spectacle, les Liégeois de Big Moustache Bandits (BMB) ont investi les lieux, pour tailler leur show avec une rigueur d’orfèvres. « Tous les six mois, explique Julien Bernes, batteur du groupe, on passe des résidences de cinq jours au centre culturel de Chênée. Pendant ces cinq jours, on travaille nos morceaux en disposition scénique. On veut tout donner sur scène, mais de manière maîtrisée semi orchestrée, histoire de ne pas faire n’importe quoi, n’importe quand. Et puis, une résidence permet aussi de récolter des avis extérieurs dans des conditions de répétitions intensives. »

L’humidité suffocante a imposé son règne en ce début du mois de juillet. La chaleur enrobe la peau d’un voile moite étouffant, l’orage ne saurait plus tarder, et les musiciens subissent la fournaise. Mais ça n’empêche pas les guitares de taillader l’air comme les pointes de fuselages d’avions supersoniques. Les riffs (thèmes musicaux) ciselés sont propulsés par l’assise lourde et millimétrée d’une batterie martelée sans pitié, qui galope jusqu’aux confins des sulfureuses contrées du hard rock.

Julien

Julien Bernes, le jeune batteur fou qui frappe sur ses fûts avec tant de hargne, moustaches de morse étirées et dents serrées, mène deux vies, cloisonnées dans un emploi du temps calculé et bien rempli. Car en plus d’assurer la rythmique de ce groupe qui n’a rien à envier aux hardis écervelés des seventies, il poursuit depuis cinq ans des études d’architecture à  l’Université de Liège, sur le site du Jardin botanique.

Julien Bernes © Mathieu Litt

Deux passions menées de front

Julien est en dernière année d’architecture. En août, il défendra son mémoire et voguera vers des cieux plus musicaux, soulagé d’avoir un diplôme en poche. « Déjà en secondaire, je rêvais d’étudier l’architecture, partage-t-il. En fait, je n’ai jamais rien voulu faire d’autre. Je dessinais déjà des plans, ce genre de choses. » Volonté qui se confirmera dès la première année de bachelier. « Ça arrive souvent qu’en première année, on se cherche encore un peu, on tente des études sans trop savoir si ça nous botte réellement. Mais pour moi, ça s’est vraiment bien passé, et donc j’ai continué. J'ai visité des expositions organisées par Lambert Lombard, je me suis directement investi. J’ai aussi eu la chance d’avoir un chouette prof de projet, vraiment motivant pour commencer des études, il nous a réellement montré ce qu'était l’architecture. »

Parallèlement, BMB voit le jour alors que Julien entame ses études. Si le groupe commence avec un autre batteur, le jeune architecte en herbe prend rapidement le relais et s’installe derrière les fûts. « En fait, note-t-il, plus j’avais de travail avec mes études, plus le groupe avançait aussi. Ça devenait de plus en plus délicat de gérer les deux. Au début, on avait un concert de temps en temps, mais depuis l’année passée, c’est parfois toutes les semaines. »

Savoir scinder son temps

Seul membre du groupe encore aux études, Julien a dû composer avec les deux horaires, et même, de temps en temps, imposer au groupe de renoncer à un concert. Une difficulté supplémentaire, les périodes de travail en études d’architecture ne sont pas concentrées en deux périodes de blocus, mais sont étalées sur l’ensemble de l’année scolaire. Les projets doivent être rendus en temps et en heure, et il faut savoir être disponible à chaque instant. Mais Julien a rapidement trouvé un équilibre entre ses deux activités.

« Avec le temps, j’ai pu faire la part des choses. Comme le tout a évolué progressivement, ça a été plus simple que si tout était venu d’un coup. Là, je ne pense pas que j’aurais pu gérer les deux. Mais maintenant, quand je suis en groupe, je ne pense qu’à ça. Et je crois que c’est primordial. Tant en groupe qu’aux études, il faut beaucoup de concentration, il faut apprendre à ne pas se disperser. » 

Même si une bonne gestion du temps n’empêche pas quelques virages difficiles à négocier dans la course. « Par exemple, le 23 juin, on a joué à la Fiesta du Rock à Flémalle. Je devais rendre mon projet de fin d’année le 27 juin, quatre jours plus tard. Et c’est le moment où on passe normalement des nuits blanches pour terminer le travail. »

Malgré tout, la question de choisir l’un ou l’autre ne s’est pas vraiment posée sur ces cinq années passées assis entre deux chaises. Même si Julien avoue qu’il n’aurait pas hésité à mettre sa vie d’étudiant entre parenthèses si l’épanouissement du groupe l’avait exigé à un moment donné. « Ces études m’ont forgé. L’apprentissage est super large. On a un peu de tout, de la philosophie, des mathématiques, de la sociologie, des cours techniques, des cours artistiques, c’était passionnant de suivre des études qui touchaient à tout. Et en même temps, la musique était quelque chose qui me permettait de faire autre chose, de souffler tout en restant actif. Je déteste rester inactif. Et là, ça me libérait l’esprit, je pensais à tout autre chose, et puis quand je revenais sur mes études, c'était plus facile en ayant pris un certain recul. »

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