Remo Fasani - Novénaires

novénaires175Le poète suisse italophone Remo Fasani est né en 1922 et décédé en 2011 ; il fut professeur de littérature italienne à Neufchatel. Quelques jours après sa mort a paru ce qui est presque la première traduction française de poèmes de lui. Ce recueil présente une belle et sobre unité : en 99 courts poèmes de 9 vers, le poète applique le don qu’il prête d’ailleurs à la poétesse Cristina Campo : « l’attention / et le regard pur sur les choses, / sur ce monde et un autre, / et les deux n’en font plus qu’un seul ». Si cet homme aime à regarder la montagne, ses lumières et ses ombres, les couleurs du ciel et les jeux du soleil, il est aussi attentif à la marche déplorable du monde (« Aujourd’hui, on tue simplement pour tuer »). C’est un livre de cette veine poétique qui prend la forme d’un journal de notations, celles d’un œil et d’un esprit. C’est un homme sage qui, à la fin de sa vie, écrit : « Ô vie, boucle qui se referme. »

Extraits :

L’Engadine : le bleu, les lacs
et les montagnes, leur accord :
un paysage d’harmonie
où je m’échoue en naufragé.
Mais c’est aussi m’y retrouver
et me sentir partie d’un tout.
Ici j’ai l’âme qui respire,
ici je suis en paix avec la vie,
ici je capte, en ce monde, la guerre.

*

Ce n’est pas la brise, mais son absence
qui est magie à Sils-Maria.
Elle s’apaise rarement.
Mais le fait-elle, et tout demeure
surpris et suspendu
à l’accomplissement
D’un prodige. Et c’est, sans un souffle,
l’haleine des choses,
de la lumière entre les choses.

Gérald Purnelle
Juin 2012

Remo Fasani, Novénaires / Novenari, Éditions de la revue Conférence, traduction de Christophe Carraud, 2011.

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