Les insectes pollinisateurs : une histoire d’amour pas banale avec les plantes

Les papillons

papCe sont des pollinisateurs importants, car ils fécondent grâce à leur trompe déroulable des fleurs à corolle profonde. Ce type de fleurs se retrouve principalement chez les Astéracées (chardon, centaurée…) mais aussi les Rubiacées (gaillet, aspérule…), quelques Lamiacées (germandrée). Les papillons ont aussi tendance à privilégier les fleurs larges (telles les Apiacées) et relativement planes sur lesquelles ils peuvent se poser et évoluer facilement ou alors les fleurs en grappe (glycine, robinier...). La plupart se montrent aussi très sensibles aux odeurs fruitées des fleurs ainsi qu'à leurs couleurs.

Le machaon … au repos dans la volière après une visite florale - photo © Hexapoda

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Les Coléoptères

La plupart des Coléoptères sont des visiteurs occasionnels des fleurs peu efficaces, faute d’une adaptation suffisante aux processus de la pollinisation. Ils recherchent plutôt des plantes peu profondes ou largement ouvertes, ou en ombelles. La couleur ne semble pas importante pour les Coléoptères. Par contre, plusieurs espèces sont sensibles aux odeurs nauséabondes de certaines fleurs (Arums p.ex.). Notez que les dégâts floraux qu’ils occasionnent sont rarement compensés par des fécondations de plantes optimales.

 

Les Coléoptères … aussi visiteur et pollinisateur - photo © Vincent Halkin - PhotoClub Image ULg

 

 

 

Le blues des abeilles

abeilleNe cherchez pas dans un hit-parade quelconque, « Le blues des abeilles » (et plus largement des pollinisateurs) n'est pas le titre d'une chanson récente. Ces quatre mots traduisent « simplement » le mal de vivre actuel des abeilles et des autres pollinisateurs. Eh oui, vous avez bien lu, nos pollinisateurs vont mal !

Vous doutez, vous croyez que nous exagérons ? Quelques chiffres alors, pour vous en convaincre. Depuis 2006, en Europe et aux États-Unis, les apiculteurs ont perdu jusqu'à 80% de leurs colonies d'abeilles. Dans les ruchers les plus touchés, jusqu’à 90% des abeilles sont supposées mortes, puisque non rentrées à la ruche. En France, entre 1995 et 2005, plus de 30% des ruches ont disparu ! 1500 apiculteurs ont dû cesser leur activité. Selon l'ONU, la mortalité des abeilles est toujours en progression, jusqu'à 85% dans certaines régions, dont le Moyen-Orient. En Belgique, le pourcentage de pertes de colonies d'abeilles mellifères avoisinait les 28% pour la saison apicole 2009-2010, soit près de 8% en plus que durant la saison précédente et 3 fois le pourcentage de pertes considéré comme acceptable par les apiculteurs. En Wallonie, ce pourcentage flirte avec les 30% de pertes contre 26% en Flandre. La diminution drastique des populations de pollinisateurs touche principalement le continent américain et l'Europe. Les insectes belges souffrent aussi, particulièrement les Hyménoptères. Sur les 370 espèces d'Apidae belges (dont 347 en Wallonie), plus de la moitié sont aujourd'hui rares ou en très fortes régressions voire parfois totalement disparues.

Cette raréfaction a des impacts considérables sur tous les écosystèmes et bien entendu sur l'économie agricole. Ses causes sont multiples mais ont toutes la même conséquence : la raréfaction des ressources alimentaires (donc du nectar et du pollen pour les pollinisateurs). Certaines sont bien connues et souvent mises en évidence par les scientifiques puis les médias :

  1. l'urbanisation et la destruction des milieux naturels riches en plantes à fleurs,
  2. l'intensification de l'agriculture et utilisation de produits phytosanitaires particulièrement toxiques,
  3. l'isolement et la banalisation des milieux et des espaces naturels (diminution, voire disparition des corridors écologiques reliant les zones biologiquement intéressantes),
  4. l'abandon des techniques agro-pastorales traditionnelles (raréfaction des plantes à fleurs adventices par exemple),
  5. la gestion exagérée voire inutile des bords de chemins campagnards, mais aussi de la plupart des routes, ainsi que l'absence de gestion des terrains vagues...
  6. la banalisation des jardins de ville (plantation de gazons peu diversifiés en espèces, plantes fleuries non indigènes, destruction systématique des insectes dits nuisibles et des pollinisateurs (dégâts collatéraux).

L'avenir des pollinisateurs (notre avenir !)

hexapodaPour la santé des insectes pollinisateurs et, in fine, la nôtre, il est impératif de maintenir, voire de développer dans nos jardins et dans tous les écosystèmes naturels (prairies naturelles de fond de vallée, prairies fleuries...), semi-naturels (pelouses sèches sur calcaire p.ex.) ou agricoles (jachères, bandes fleuries, haies...), la plus grande diversité de fleurs indigènes possibles.

Enfin, n'oublions pas de minimiser voir proscrire les pesticides de synthèse aux conséquences directes ou indirectes catastrophiques pour notre environnement et notre santé. Pensons à des nouvelles molécules, ou à des techniques de contrôle biologique mieux adaptées à nos environnements.

Et maintenant, pourquoi ne pas favoriser la nature ? Tout espace consacré à promouvoir une diversité végétale sera vite colonisé par un cortège de pollinisateurs.

C’est cet ensemble de thématiques qui est présenté dans cette exposition permanente installée à l’extérieur, dans le jardin entomologique d’Hexapoda – Insectarium Jean-Leclercq. Vous pourrez découvrir les stratégies de pollinisation mais aussi comprendre quel mélange fleuri il vous faut planter dans votre jardin pour favoriser les insectes dont les papillons.

Frédéric Francis
Juin 2012

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Frédéric Francis
  enseigne l'entomologie fonctionnelle et évolutive à l'ULg - Gembloux Agro-Bio Tech. Il a créé Hexapoda, le premier musée de l'insecte en Wallonie.

 


 

Insectarium "Jean Leclercq" - Hexapoda
rue de Grand'Axhe 45E, 4300 Waremme
site web: http://www.hexapoda.be
Tél : 019/32 49 30
Fax : 019/33 29 19

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