Les insectes pollinisateurs : une histoire d’amour pas banale avec les plantes

Oui, vous avez bien lu le titre ! Pollinisateurs et plantes vivent une histoire d’amour pas banale, très ancienne même, elle remonte à plus de cent millions d'années ! Cette relation unit des organismes vivants appartenant … à des règnes biologiques différents – les végétaux et les animaux et, plus précisément, des plantes à fleurs (Angiospermes) et des insectes. Cette interaction ne permet pas aux deux partenaires de se reproduire, seule la plante sera fécondée et contribuera à perpétuer l’espèce. Le bénéfice pour l’insecte sera différent, la plante lui fournira principalement des ressources alimentaires, pour lui ou sa progéniture. La fécondation des fleurs se nomme la pollinisation, et entomogamie lorsqu’elle est accomplie par des insectes. Plantes et insectes ont souvent évolué parallèlement et parfois les liens les rapprochant sont forts, voire uniques. On parle de co-évolution. Une nouvelle section du jardin entomologique Hexapoda est consacrée à leurs amours et au rôle que nous y jouons. Plusieurs types de jeux et activités pédagogiques font découvrir aux enfants et à leurs parents leurs stratégies de séduction et la meilleure manière d’aménager son jardin.   

L'art de la séduction des plantes à fleurs

Les azurés … surtout sur trèfles et luzerne, ici en mode « pause »
Photo © Frédérique Dubois - PhotoClub Image ULg

F DuboisbDepuis son apparition sur terre, la fleur est progressivement devenue une artiste dans l’art de la séduction. Elle use de ses plus beaux atours : ses formes, ses couleurs ou ses odeurs pour attirer l’insecte pollinisateur avide de pollen et de nectar. Deux tiers des plantes à fleurs sont fécondées par les insectes ! Les fleurs entomophiles sont fréquemment parées de couleurs vives aisément repérables par les insectes pollinisateurs. Ces derniers ont une vision sensible à une large palette de couleurs. La vision dans l’ultraviolet permet à diverses espèces de repérer des lignes qui convergent des pétales vers le cœur de la fleur et ainsi de mieux localiser les zones riches en nectar. C’est notamment le cas pour de nombreux Hyménoptères, les Diptères et certains Lépidoptères. L’odeur des fleurs est rarement simple, elle résulte souvent d’un mélange de plusieurs substances. Les insectes pollinisateurs doivent aussi apprendre à les reconnaître, à les associer à une fleur riche en pollen ou en nectar puis à mémoriser ses données. Une abeille est sensible à plusieurs centaines de molécules odorantes. Les plantes qui fleurissent (Mirabilis, jasmin, ...) ou qui restent ouvertes la nuit attirent les insectes (principalement des papillons de nuit) uniquement par leurs odeurs.

Les pollinisateurs sont généralement sensibles à la symétrie des fleurs. Ils polliniseront davantage ce type de fleurs que celles présentant des irrégularités. Les insectes ne sont pas des amants fidèles. Beaucoup de pollinisateurs font peu de cas de la fidélité et ont tendance à visiter de nombreuses espèces de fleurs. Ce qui explique en partie la grande diversité des plantes à fleurs. Abeilles ou bourdons butinent parfois une même plante plusieurs jours de suite. Une fidélité totale est un comportement rare car il peut nuire à la survie du pollinisateur. Ne polliniser qu’un type de fleur empêche en effet la découverte de fleurs plus riches en nectar ou en pollen et expose l’insecte éventuellement à des carences, voire à la disette.

Les Marieurs

La plupart des grands ordres d’Insectes possèdent des espèces pollinisatrices. Ainsi, par ordre d’importance, citons les Hyménoptères (ordre le plus diversifié en espèces pollinisatrices). Viennent ensuite les mouches ou Diptères, les papillons ou Lépidoptères (surtout les Rhopalocères ou papillons de jour), les Coléoptères puis quelques ordres mineurs comme les Thysanoptères.

Les Hyménoptères

Ce sont des amants hors pair, leur importance dans la pollinisation des plantes est impossible à quantifier ... mais une chose est certaine sans eux, notre monde aurait beaucoup de difficultés à survivre ! Les Hyménoptères sont attitrés par la majorité des plantes. Au cours de leur évolution, différentes structures morphologiques se sont vraiment spécialisées dans la récolte du pollen et du nectar de la majorité des types de fleurs. Ainsi, certaines espèces disposent de « langues » longues ou courtes facilitant la récolte du nectar dans des corolles plus ou moins profondes ; d'autres sont très sensibles aux odeurs (antennes performantes), à la coloration des plantes (vision des couleurs) ; certaines se sont adaptées aux fleurs à la morphologie complexe (Fabacées par ex.) nécessitant un apprentissage ; plusieurs possèdent des structures anatomiques facilitant le transport du pollen (sur les tibias ou l'abdomen) ; quelques-unes ont les poils barbelés piégeant le pollen ...

Les Diptères

Les mouches aussi s’en mêlent … nectar et pollen au menu - photo © Vincent Halkin - PhotoClub Image ULg

20050904 7933 mouchesBprop redimensionnerIls ont souvent été considérés comme des pollinisateurs inefficaces et peu fiables. Leur abondance et la présence de quelques espèces tout au long de l’année en font cependant des pollinisateurs importants pour de nombreuses plantes, particulièrement dans les écosystèmes de montagnes et des zones nordiques, où certains groupes d’insectes pollinisateurs sont moins abondants voire absents. Selon la longueur des pièces buccales, ils butineront (et donc polliniseront) des fleurs à corolle plus ou moins profonde. Les Diptères sont attirés par le nectar des fleurs colorées de blanc, pourpre, bleu… tels les renoncules, les oeillets, les silènes, les saponaires, les menthes, les berces voire les asters. Rares sont les plantes « dragueuses » de mouches à se montrer parfumées, à dégager des fragrances subtiles et agréables. Par contre, les fleurs flairant une « douce » odeur de matière en décomposition, de charogne, de champignons pourris... sont visitées par bon nombre de mouches attirées par les cadavres ou les excréments... comme les lucilies, les mouches à damier… Ces plantes ont des fleurs verdâtres et discrètes pourvues de nectaires très apparents (euphorbes, vérâtres).

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