Julius Horwitz - Natural Enemies

enemies175On rencontre rarement des livres tels que celui-ci, et c’est, pourrait-on dire, tant mieux. Natural Enemies, publié pour la première fois en 1975, est en effet une narration éprouvante, tétanisante. La tragédie qui s’y prépare page après page, minute après minute, n’éclate qu’une fois l’ultime ligne parcourue. Son découpage temporel minutieux, sa prose veinée d’un inquiétant stream of consciousness, fraient au lecteur un chemin dans l’esprit d’un homme qui a décidé d’en finir avec sa propre vie, mais aussi avec sa famille. Non pas qu’il soit acculé à admettre ses mensonges, comme le fut Jean-Claude Romand, ou en prise à des dettes insurmontables qui mettraient en péril la subsistance des siens. Non. « Détruire », dit-il, et l’on n’en saura guère plus. Dénonciation d’une société ultrapuritaine en prise avec ses démons et ses hypocrisies ? Peut-être. Remarquable évocation du meurtre de masse dans le cadre de la vie privée ? Sans doute. Mais Natural enemies est avant tout le roman américain de la chute libre, sous-tendu par une écriture en constant forage sur elle-même, d’une maîtrise totale. Un point de non-retour de trois cents pages. Une balle de .22 tirée à bout portant dans l’œil.

Frédéric Saenen
Juin 2012

Julius HORWITZ, Natural Enemies, Traduit par Anne de Vogüé, Éditions Baleine, Collection « Baleine Noire », 284 pp., 13 €.

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