S’il est un corpus idéologique difficile à circonscrire dans la diversité de ses dimensions et de ses applications (couvrant un éventail qui s’étend du niveau métapolitique à des pratiques citoyennes du quotidien, en passant par des discussions parlementaires ou encore la spéculation sur les futuribles de notre espèce), c’est sans doute celui de l’écologisme. Le philosophe et politologue Frédéric Dufoing, déjà connu pour ses remarquables analyses des mécanismes de la modernité publiées naguère dans la revue de critique littéraire et politique Jibrile, nous offre aujourd’hui d’aborder le sujet par la bande, avec un très stimulant essai qu’il a choisi de focaliser sur un versant méconnu (car inattendu) de la question : l’expression de sa radicalité. Nourrie par une biblio-sitographie exhaustive qui déborde très largement l’espace francophone, sa réflexion n’en fait pas moins l’économie d’un didactisme sans faille, indispensable à la compréhension profonde des courants qui traversent l’écologisme. L’ouvrage de Frédéric Dufoing offre le panorama qui était attendu sur un thème au demeurant délicat (car qui, osant ne fût-ce que citer le terme de « radicalité » à notre époque frileuse, n’est forcément suspect ?). Sa plume de polémiste, que l’on sent frémir de temps à autre au détour d’une phrase, d’une allusion, d’une botte en touche, ne déforce jamais l’objectivité et la probité intellectuelle avec lesquelles il aborde les multiples ramifications de son sujet. L’écologisme vient de gagner, sinon un héraut supplémentaire, du moins l’un de ses scrutateurs les mieux avisés.
Frédéric Saenen
Juin 2012
