René Laporte - Hôtel de la solitude

solitude175Hôtel de la solitude fait partie de ces récits dans lesquels on se love en mettant, le temps d’une échappée, la vie entre parenthèses. En une centaine de pages, le « bavard et joueur, buveur et coureur » impénitent qu’est Jérôme Bourdaine va en effet nous relater un étrange épisode dont il fut le protagoniste, et devenir, au terme de sa confession, notre familier, notre prochain. Le cisèlement de la prose conjuguée à une atmosphère diffuse de mystère, qui imprègne les êtres et le cadre où ils évoluent, insufflent sa puissance à ce texte, que l’on porte longtemps en soi après l’avoir terminé. Aucune morale à retirer de ces pages écrites au plus sombre de la dernière guerre, sinon que la vie n’en finit pas de réserver des surprises, qu’elle se plaît à retirer aussitôt qu’entrevues. C’est d’ailleurs cette ironie cruelle qu’elle infligea  à René Laporte, fauché par la mort à 48 ans, et qui n’eut pas le temps d’accomplir les promesses que son œuvre rare recelait. Par bonheur, il reste des éditeurs qui veillent à rétablir les injustices de l’oubli…

Frédéric Saenen
Juin 2012

René Laporte, Hôtel de la solitude, Le Dilettante, 125 pp., 15 €.

 

 

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