« N’attendez pas le jugement dernier. Il a lieu tous les jours. » Cette formule bien connue, qu’un personnage d’Albert Camus fait sienne au cœur de la nuit amstellodamoise, aurait pu figurer en exergue de l’essai foisonnant que Christian Chelebourg consacre aux « écofictions ». Mais, davantage que La Chute, c’est plutôt La Peste qui aura notamment nourri les réflexions du professeur de littérature dans son approche d’un discours transgénérique qui hypothèque autant qu’il philosophe la caducité de notre espèce. Présente dans le roman depuis H.-G. Wells, la thématique écofictionnelle s’articule durant la Guerre froide avec des peurs globales comme celles de la bombe atomique et, même si elle est exploitée dans les comics ou le roman populaire, elle trouve à cette époque son média privilégié d’expression, le cinéma. Elle connaîtra son apogée dans les années 80-90, alors qu’elle entre en résonance avec un certain apocalyptisme écologique, hurlant au réchauffement de la planète, à la disparition de la biodiversité et à la compréhensible vengeance de Mère Nature à l’encontre de ses plus indignes enfants : les hommes.
Frédéric Saenen
Juin 2012
Voir aussi Demain ne meurt jamais, ou les «écofictions» décryptées