Christian Gailly - Les fleurs
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« Une femme et un homme. C’est tout simple. » Et pour cause, la simplicité investit le roman de Christian Gailly et compose tant l’intrigue que les protagonistes. Deux inconnus ordinaires de la banlieue parisienne, dont le texte ne cède que de vagues détails personnels, se dirigent vers le cœur de la cité. Évoluant au départ séparément, les deux antihéros quelque peu torturés se rencontreront dans le métro. S’impose comme troisième figure un narrateur désinvolte qui n’hésite pas à intervenir dans son récit afin d’en critiquer les acteurs ou de commenter sa propre pratique littéraire, parfois sur un ton enfantin et moqueur, souvent avec facétie.

Les fleurs livre un récit du quotidien et de son mouvement − d’une descente en ville. Le flux abondant des monologues intérieurs, l’alternance de focalisations, les chassés-croisés, les ruptures et relances du narrateur participent de sa dynamique dans un style concis et minimaliste ; selon la confession de Gailly dans K.622 « […] tout partager avec le lecteur, dont je suppose qu’il partage ma répugnance pour les récits nickel au passé simple […] » (p.16). Cette expression particulière, associée au détail de gestes insignifiants et familiers, distille de ce décor quelques impressions poétiques et par ses amorces, force à vivre les situations sans en contraindre l’imagination. Par contraste, l’omniprésence de l’absurde et de la parodie détone avec force. « T’occupe pas, avance. »

 

Amaury Rauter
Juin 2012

Christian Gailly, Les fleurs. Paris, Minuit « double », 1993/2012, 93 p.

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