Peter Shaffe - Equus

equusIl est vrai que le théâtre appartient à la scène, mais il est des textes dramatiques dont les qualités littéraires indéniables exhortent pourtant la lecture. C’est le cas évident d’Equus de Peter Shaffer : d’une puissance manifeste et magnifique, cette pièce raconte la thérapie psychiatrique d’un jeune adolescent de dix-sept ans – Alan – que la justice anglaise envoya en dernier recours auprès du docteur Dysart car, dans un accès de folie, dans une transe tant spirituelle qu’érotique, le garçon creva avec un crochet en fer les yeux de six chevaux… À travers les yeux et les souvenirs du médecin qui interroge tour à tour l’étrange garçon au regard magnétique et ses proches bouleversés, gênés, honteux, indifférents, ce véritable fait divers se reconstruit devant nous et ouvre les brèches des zones les plus troubles de notre inconscient. Texte dur qui met en scène les passions les plus violentes, les plus destructrices et – peut-être ? – les plus belles, cette pièce laisse libre cours à toutes les interprétations, fait vaciller les normes et la morale, noue et dénoue à loisirs les tripes de ses lecteurs. On perd pied de scène en scène, passant de l’horreur à la peine, du rejet à l’attachement, du bien au mal, et inversement. Tout à la fois, on blâme et justifie le comportement d’Alan ; on le vomit et on l’envie. Et finalement, nul ne sait plus ce qui est préférable : la normalité ou… ?

Florian Pâque
Juin 2012

 

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