Albert Cohen - Solal

solal175Premier roman d’Albert Cohen, publié en 1930, Solal est une épopée ironique et pleine de tendresse. C’est une histoire d’amour déchirée et déchirante. C’est Solal, héros obsédant qui nous éblouit littéralement par sa richesse. Tantôt déterminé et blâmable, tantôt hésitant et louable, Solal est un de ces personnages qui – à la manière des Valmont et des Sorel – marque son roman du sceau d’une remarquable ambiguïté. Mais c’est avant tout un bouillonnement de vie, une frénésie qui peuvent certes rendre le personnage méprisable à certains égards (« Trop vivant mon Sol. Ils n’aiment pas qui vit trop »), mais entraînent le récit aux confins d’une extravagante authenticité.

L’éclat du roman tient donc en grande partie à son personnage éponyme. Mais pas seulement. Dans ce livre, chaque protagoniste est mémorable, car sous une apparente et risible caricature de traits, ils se révèlent, au fil des pages, d’une étonnante finesse et délicatesse. Alors oui, Solal, c’est une histoire d’amour impossible entre un juif et une catholique. Mais le réduire à cela, c’est le placer dans une catégorie où peu d’auteurs ont réussi sans virer dans un pathos décevant et un tragique inconvenant. Le réduire à cela, c’est catégoriser un livre incatégorisable, à la fois drôle et profond et c’est surtout oublier l’essentiel : le style si admirable de Cohen, entre fougue et maîtrise.

 

Esther Demoulin
Juin 2012

Solal, Albert Cohen (éd. Gallimard, 1981)

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