La setta degli angeli (La secte des anges) est un « giallo storico », un roman policier basé sur un fait historique¹. En l’occurrence, l’auteur a reconstruit à sa manière une histoire réelle survenue dans une petite ville du nord de la Sicile au début du 20^e siècle. Un groupe de religieux avaient fait croire à de jeunes femmes que certaines pratiques sexuelles pouvaient leur procurer « des indulgences divines » ! Ces agissements furent dénoncés par un avocat du lieu, les prêtres furent jugés pour corruption de mineures mais le clergé et la mafia locale imposèrent le silence le plus complet sur l’affaire.

Camilleri entraîne le lecteur dans un « pays » de la Sicile profonde avec ses huit églises, son cercle des notables « Onore & Famiglia », ses bandits de grand chemin, ses paysans et ses « parrains ». Pas de commissaire Montalbano dans ce livre, mais un intègre capitaine des carabiniers piémontais et surtout l’avocat des pauvres qui va dénoncer la secte des anges. Il lui en cuira.

Riche en dialogues savoureux, le récit d’abord comique, voire grotesque, prend progressivement le ton d’un roman à la Sciascia. C’est un plaidoyer contre les déviances d’un certain clergé et la toute puissante mafia. C’est un constat sur l’impossibilité de changer une société figée dans ses traditions.

Comme d’habitude, l’écriture fait de multiples emprunts au sicilien de la région d’Agrigente (un cauchemar pour les traducteurs éventuels). L’auteur a toutefois suffisamment « italianisé » cette langue pour la rendre intelligible à tous ceux qui lisent la langue de Dante.

Andrea Camilleri est né à Porto Empedocle (la Vigàta de ses romans) en 1925. Metteur en scène, auteur de théâtre et de télévision, il a enseigné l’art dramatique. Créateur de la série du commissaire Montalbano, il a écrit de nombreux autres romans notamment des romans historiques comme Un filo di fumo² (Un filet de fumée) ou Il birraio di Preston³ (L’opéra de Vigàta). Il est un des auteurs les plus lus à l’heure actuelle dans la Péninsule.

Willy Burguet
Juin 2012