Prendre conscience subitement que ce qu’on pense être soi peut être très différent de l’image que les autres ont de nous. Pour l’usurier Vitangelo Moscarda, le déclic est une remarque anodine de sa femme à propos de son nez légèrement de travers. Pour le lecteur de Pirandello, le déclic peut être Un, personne et cent mille, l’histoire de l’usurier Moscarda, qui échange sa vie facile et bien rangée contre une aventure qui le rendra généreux et altruiste mais aussi fou aux yeux des autres, pour mieux se comprendre et se retrouver lui-même.
Ce roman achevé en 1926 est le dernier de Pirandello. Écrit à la première personne et s’adressant directement au lecteur, le roman grâce au personnage de Moscarda résume la réflexion de Pirandello sur l’incommunicabilité, la multiplicité de l’être, la définition de son identité et la complexité de son rapport à lui-même, à la société et aux autres. Un, personne et cent mille, ce n’est pas simplement la vie d’un homme, c’est un peu de la quête d’identité de chacun de nous.
Marie Steffens
Juin 2012