Adélaïde de Clermont-Tonnerre - Fourrure

fourrure175Serait-ce une mode de commencer les romans par l’annonce d’une mort ? La mode est néanmoins ici très bien gérée : originale, fluide, prenante. Nous sommes happés dans l’histoire d’une femme, Ondine, qui apprend dans les journaux et avec indifférence la mort de sa mère, la célèbre écrivaine Zita Chalitzine. On essaye de comprendre, mais tout reste vague. Jalousie, vengeance ou réel sentiment de maltraitance ? Surtout que la femme décédée est décrite d’une manière autrement différente par son jeune mari, Pierre, maintenant veuf.

On attend que l’histoire se révèle, on sait que le passé doit ressurgir. Au bout d’une cinquantaine de pages, les derniers écrits de sa mère décédée sont trouvés par la fille trahie et le mari abandonné. Ce sont en plus des mémoires destinés à sa fille, pour qu’elle comprenne l’abandon qu’elle a commis. Ondine refuse de se laisser manipuler par ce qu’elle appelle une gifle. Pierre se dévoue et accepte de révéler à Ondine ce qu’il découvre en rapport avec elle, notamment le nom de son père. C’est ce livre, un manuscrit, qui après est offert au lecteur. Zita nous y parle de la perversion de la haute bourgeoisie, de la décadence du milieu littéraire, de la prostitution, des ébats d’un président de la République, de la réalité (Romain Gary incarné dans le personnages de Romain Kiev, amant de Zita), de la fiction (l’histoire de Zita), de l’amour,de la haine, de l’écriture, de la vie, de l’enfantement… Une véritable 'pieta' littéraire est nichée au sein de ce beau roman et l'émotion qui s'en dégage n'a d'égal que celle que l'on ressent en découvrant la vraie Pieta de Michel-Ange.

Vincent Geenen
Juin 2012

Adélaïde de Clermont-Tonnerre - Fourrure (éditions Le Livre de Poche, 2011)

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