« Le voyageur du siècle, ou comment un hispano-argentin nous fait revisiter l’Allemagne du 19e siècle », ainsi pourrait-on résumer en quelques mots le fabuleux roman d’Andrés Neuman. Le voyageur, c’est Hans, traducteur nomade en route vers la Prusse mais qui décide de s’arrêter pour la nuit à Wandenbourg, ville frontière dont la situation exacte est, nous dit-on, toujours inconnue. Mais ces quelques heures de pause se transforment vite en jours et en semaines car tout à Wandenbourg semble retenir Hans : l’amitié qu’il tisse avec le joueur d’orgue de rue, la petite Lisa – la fille de l’aubergiste –, les débat animés chez Mr Gottlieb et surtout Sophie, la fille de ce dernier. Au fur et à mesure de leurs conversations lors des salons littéraires chez les Gottlieb, Hans est conquis par la perspicace et fascinante Sophie, formidablement cultivée, mais, malheureusement, déjà promise à Rudi Wilderhaus, un homme bien comme il faut. Le narrateur nous fait ainsi voyager entre la maison des Gottlieb, la grotte où vit l’organiste et la chambre de Hans, d’un bout à l’autre de cette ville attirante où, depuis quelque temps, sévit un mystérieux tueur en série.
Ce roman aux multiples facettes n’est pas un simple roman historique, d’amour, philosophique ou policier, mieux, il est tout à la fois ! Très vite, vous vous promènerez dans Wandenbourg tel le vent, omniprésent, qui s’engouffre dans ses rues et en connait ses moindres recoins. Après quelques pages déjà vous comprendrez pourquoi ce livre a conquis le jury du prestigieux prix espagnol Alfaguara en 2009.
Pauline Berlage
Juin 2012