Carlos Liscano, La route d’Ithaque

ithaque175El camino a Ítaca (1990) traduit en français par La route d’Ithaque (2005), nous raconte l’odyssée de Vladimir, un jeune Uruguayen qui décide de partir en Suède pour s’éloigner de son pays. Il rejoint donc Ingrid, une Suédoise rencontrée par hasard à Rio de Janeiro et reste vivre dans sa ferme aux alentours de Stockholm. Jour après jour, alors qu’il se débat avec la langue suédoise et fait ses dents dans le monde des immigrés, Vladimir cherche le sens à donner à sa vie. Pourquoi a-t-il quitté son pays ? Cette fuite en avant finira-t-elle par le perdre ?  

Après quelques mois passés à travailler à l’hôpital, Vladimir décide de tout abandonner pour reprend la route vers Paris puis Barcelone. Bien que la langue ne soit désormais plus un obstacle, Vladimir se sent encore et toujours métèque sans papiers dans la capital catalane. Son monde est celui des prostitués, des travestis et des mendiants qu’il rencontre dans le quartier Gotic. Le jeune Uruguayen décide d’observer ce monde auquel il n’appartient pas depuis la Plaza Real où il a élu domicile sur des cartons. Il survit ainsi au jour le jour avec, comme seul point de mire, un rêve qui l’obsède depuis des années. Dans celui-ci, il se voit dans une cabane au milieu de la neige et dans laquelle, au coin du feu, une femme l’attend. Mais est-il prêt à se ranger pour réaliser ce rêve ?

---

Carlos Liscano est né en 1949 dans la capitale uruguayenne, Montevideo. En 1972, Liscano, militant de la guerilla Tupamara, est arrêté, torturé et restera emprisonné jusqu’à ses 35 ans. Ce jeune étudiant en mathématiques, qui n’avait jamais écrit jusqu’alors, décide de prendre la plume pendant sa huitième année en prison. Ce qui deviendra une vocation n’est donc, au départ, qu’une volonté d’exercer sa liberté au travers de la création et ainsi éviter la folie. Les notes qu’il prit en cachette en prison ont servi de germe pour plusieurs des récits qu’il écrivit une fois libéré. Un thème récurrent dans la fiction de l’écrivain uruguayen est sans surprise celui de l’enfermement, de l’aliénation de l’individu et de son échappatoire au travers de l’imagination. On retrouve également dans ses contes et ses romans les questionnements concernant la nécessité de voyager, de résister et de vivre en marge de  la société.

Bien que ses œuvres aient été publiées dans son pays d’origine, en Amérique latine et en Espagne, Carlos Liscano est particulièrement reconnu en France où six de ses œuvres ont été traduites. L’écrivain uruguayen, qui a lui-même vécu en Europe, affirme que ses influences littéraires dépendent beaucoup de ce qu’il a pu lire tout au long de sa vie. Il cite par exemple les noms de Louis Ferdinand Céline, Kafka, Buzzati ou Beckett et explique que « l’on écrit pour dialoguer avec les livres que l’on admire ».

Pauline Berlage
Juin 2012

La route d’Ithaque, Carlos Liscano (trad. Jean-Marie Saint Lu, 2006, Paris : 10/18)

«  Précédent    l    Suivant »

Retour à la liste des romans

Retour aux Lectures pour l'été 2012