Publié en Italie en 2011, dans la collection « Strade blu non-fiction » de Mondadori, cet ouvrage lance un message d’espoir pour tous ceux qui sont victimes de l’anorexie.
Rédigé à la première personne, dans un style parfois fragmentaire comme s’il s’agissait de pensées volées, il est particulièrement touchant car l’auteure, Michela Marzano, née à Rome en 1970, ancienne élève de l’ENS de Pise et professeur des Universités en philosophie (Paris-Descartes), livre son histoire personnelle, son combat mené contre l'anorexie qui s’est manifesté à l’âge de vingt ans. Les causes sont à rechercher dans une tendance très commune de notre société actuelle : l’obsession d’être parfaite, impeccable, toujours la meilleure, afin de ne pas décevoir les attentes des autres, notamment de son père dans ce cas spécifique.
Cette intellectuelle de renom en Italie et en France, auteure entre autres des essais Penser le corps (PUF 2002) et Le contrat de défiance (Grasset 2011) montre l’anorexie de manière inédite : non pas seulement en tant que souffrance – dont il ne faut absolument pas culpabiliser – mais aussi comme point de départ vers une nouvelle vie où la réussite n’est pas un mirage.
Face à un sujet si délicat, on apprécie la justesse du ton, la façon d’aborder l’univers intime (affectif, familial, professionnel) sans la moindre nuance nombriliste. Au contraire, plus Michela Marzano s’expose en parlant d’elle-même, plus le récit prend une ampleur universelle, ce qui relève des meilleurs écrits autobiographiques.
Stefania Ricciardi
Juin 2012