Henning Mankell est surtout connu pour ses polars et leur héros, l’inspecteur Wallander. Bien avant la célèbre trilogie de Sieg Larsson, ceux-ci nous ont donné un éclairage sur la société suédoise d’aujourd’hui. Mais ceux qui ont eu la curiosité ou le bonheur de se plonger dans ses romans plus classiques savent qu’Henning Mankell est aussi un écrivain des Profondeurs*.
Avec Les chaussures italiennes, Henning Mankell nous plonge dans « la chronique d’une vie qui a tourné court » (p. 22), suite à une tragique erreur médicale (coup du sort) et d’autres erreurs ou errements d’un homme qui, par peur du lien, fuit les autres, un homme « perpétuellement en quête de nouvelles cachettes plutôt que d’intimité » (p. 299). Entre le temps qui s’écoule et le temps qu’il fait, Les chaussures italiennes est un roman de l’essentiel, réduit à sa plus simple expression. Paysages dépouillés – la mer, une île, la neige, la forêt – , lenteur des jours qui s’égrènent d’un solstice d’hiver à l’autre, la solitude, des regrets, un long cheminement à deux pas de la mort. L’écriture, tout comme le paysage, est sobre, épurée. Et pourtant, au cœur de cet univers immobile et reclus, tout arrive ; des bouleversements, d’improbables rencontres adviennent, de celles qui changent tout, tout simplement et pour toujours. Sous la glace, quelque chose d’inattendu soudain palpite, revient à la vie…
Dominique Lafontaine
Juin 2012
*Allusion au titre d’un de ses romans, Profondeurs. Paris : Seuil, 2008