Je suis tombé dans San Antonio à la fin de l’adolescence. À l’époque, le genre d’ouvrage qu’on lisait presque en cachette, avec le goût de l’interdit, pour les descriptions scabreuses, les filles faciles… Mais Frédéric Dard était un grand monsieur, avec des idées cachées derrière son style, dont j’ai acheté systématiquement tous les titres, au fil des années, jusqu’à son décès… J’ai trouvé celui-ci dans une bouquinerie, vers 1990, à un moment où mes enfants étaient bien jeunes, et il possède pour cela une saveur très particulière.
Comme dans d’autres hors-séries, Frédéric Dard y délaisse son univers favori pour de nouveaux héros. À l’époque, il habite en Suisse avec son épouse et sa fille, et met ici en scène, de manière très personnelle, un écrivain désabusé, qui vit en Suisse avec sa femme et sa fille. Ce double de papier entame un ouvrage où il veut évoquer un petit garçon qui ressemble comme deux gouttes d’eau à F. Dard jeune, parsemant encore le texte de détails autobiographiques…
L’intrigue du roman dans le roman est l’enlèvement de la fille de l’auteur. Et là, coup de théâtre, pendant la rédaction, on enlève réellement la fille de F. Dard. Les deux affaires vont donc s’entremêler, et se termineront de manière heureuse, mais ce livre contient une réflexion profonde sur la vie, l’amour, les êtres chers… et un regard désabusé sur l’innocence enfantine, d’où ce titre peu commun. Pour les amateurs, Frédéric Dard se dévoile, et chacun se reconnaîtra dans sa franchise.
Christian Michel
Juin 2012