Raga, l'Enfant de Sclayn
enfant de sclayn
Vous avez demandé à Hausman de réaliser un nouveau dessin de l'Enfant de Sclayn, pourquoi ? Est-ce une envie de changement ou la conséquence de nouvelles découvertes dans les recherches ?

Dominique Bonjean : Lorsque nous avons décidé de collaborer avec Hausman, nous nous sommes dit qu'il serait intéressant qu'il nous donne sa vision de l'Enfant. Mais il y a également quelques progrès ténus dans les recherches. Michel Toussaint, le paléoanthropologue en charge de l'étude, a remarqué une certaine gracilité dans la mandibule, un caractère plutôt féminin. Cependant, cela reste un sentiment, il n'est pas possible de le mesurer. Dans tous les cas, c'était intéressant également de modifier la vision générale : depuis sa découverte, l'Enfant était vu comme un petit garçon, un petit chasseur. Lorsque Michel Toussaint nous a fait part de son sentiment, la vision a commencé à se modifier : on entre en quelque sorte dans le monde de la douceur, de la tendresse. L'autre progrès scientifique, indéniable celui-là, fut de pouvoir dater au jour près l'âge de cet enfant à sa mort: huit ans et dix-neuf jours. Comme les dessins précédents représentaient un petit garçon d'une dizaine d'années, la rencontre avec René Hausman était une bonne occasion de modifier notre vision des choses.

 

Vous êtes-vous inspiré d'œuvres préexistantes pour réaliser Raga, l'Enfant de Sclayn ?

René Hausman : Oui, un peu. Si Raga peut sembler proche de Reeh, l'héroïne des « Chasseurs de l'Aube », elle ressemble d'avantage à Vaïva, la petite rousse des « Trois Cheveux Blancs », dont l'histoire ne se passe cependant pas durant la Préhistoire. Toutefois, j'avais pensé au départ au nom de Raga pour l'héroïne des « Chasseurs », à la place de Reeh.

 

Aviez-vous déjà participé à des expériences similaires ? Des collaborations entre artistes et scientifiques ?

René Hausman : Pas vraiment. Il y a eu une présentation, au Préhistosite de Ramioul, de l'album « les Chasseurs de l'Aube » lors de sa sortie, mais l'exposition à Scladina est ma première véritable expérience dans ce genre de collaboration.

 

Comment l'exposition a-t-elle été élaborée ? Est-ce le fruit de l'imagination d'une seule personne ou d'un travail d'équipe ?

Dominique Bonjean : L'idée de départ, le fil conducteur, germe dans une tête. Mais pour tous les aspects pratiques, les options de présentation, c'est un véritable travail d'équipe. Tout le monde y a mis du sien : de la mise en page à l'encollage des panneaux, en passant par le découpage des illustrations, le résultat est le fruit de toute l'équipe d'Archéologie Andennaise. Si cette « chaîne » unie n'avait pas existé, nous n'y serions jamais arrivés. Toute l'exposition a été montée en deux mois, ce qui est extrêmement rapide.

 

Pensez-vous  que de telles collaborations devraient exister plus souvent ?

Dominique Bonjean : Il le faut. La rigueur scientifique est le seul moyen de contrôler les informations. Mais cette rigueur nous empêche parfois de rêver et c'est là que les artistes entrent en jeu. Cette collaboration me paraît très importante. Je pense aussi que l'on pourrait produire quelque chose de plus riche encore en travaillant avec plusieurs artistes, qui ne se concertent pas.

 

De manière générale, comment l'exposition a-t-elle été reçue par le public ?

Dominique Bonjean : Bien que le nombre de visiteurs n'ait pas été extrêmement élevé jusqu'à présent, nous avons remarqué que ceux qui sont venus percevaient très bien les trois forces entrelacées de l'exposition : le rêve d'Hausman, la réalité de Scladina et les valeurs universelles qui en ressortent. Ce n'est d'ailleurs pas une exposition à lire, c'est une exposition à sentir.

 

 

Propos recueillis par Élise Delaunois
Juillet 2009

 

 

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Élise Delaunois est étudiante en 2e année de master en Histoire de l'Art et Archéologie à l'Université de Liège.

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