Panique au village

Le duo Vincent Patar - Stéphane Aubier nous livre une animation artisanale, bricolée et imprégnée de belgitude.

panique au villageaffiche

Vincent Patar et Stéphane Aubier collaborent déjà depuis près de 15 ans dans des projets d'animation. On leur doit notamment la série des Pic Pic André Show et Panique au village (une vingtaine d'épisodes de 5 minutes pour la télévision). C'est ce dernier projet qu'ils ont décidé de reprendre et de transposer en long métrage pour le cinéma.

Une animation volontairement artisanale

La première chose qui frappe dans Panique au village est bien sûr la technique utilisée qui donne clairement une originalité et une identité au film.

Patar et Augier reprennent les figurines en plastique de leur enfance (le fermier et sa femme, tous les animaux de la ferme et aussi les personnages de Cow-boy et d'Indien) et les animent en suivant une logique enfantine : on rassemble des jouets divers et hétéroclites et on les met en scène en fonction de l'inspiration du moment. Les deux réalisateurs revendiquent un côté brut, haché dans l'animation de ces personnages.

Il s'en dégage une impression de spontanéité et de liberté maximale, une imagination sans limite. On associe, par exemple, la figurine du gendarme à celle d'un animal. Le but est bien sûr de créer des situations loufoques, des poursuites et de l'action en tout genre.

Les figurines rassemblées et les décors créés de toutes pièces parviennent sans peine à développer et faire exister un univers, celui de Panique au village, un monde avec ses propres règles et sa logique particulière.

Un humour absurde et surréaliste

Cette technique bricolée et favorisant l'imagination implique un humour complètement absurde et surréaliste. Nous suivons les pérégrinations de Cheval, Cow-boy et Indien qui habitent tous les trois dans la même maison. Un jour, Cow-boy et Cheval décident de construire un barbecue pour leur ami. Mais suite à une erreur dans la commande, ils se retrouvent avec 50 millions de briques sur les bras et provoquent le chaos dans le village. À partir de là, le film va multiplier les situations improbables et jubilatoires. Nous suivrons notamment des cours de musique des animaux de la ferme ou encore un combat homérique entre les habitants du village et des hommes poissons...

Le film fait aussi la part belle à l'aventure et aux voyages. Les trois comparses vont notamment être entraînés dans un périple vers le centre de la terre, à la découverte de contrées glacées, de mondes sous-marins et à la rencontre de personnages délirants. Tout est possible et tout est permis dans Panique au village, toujours dans la logique particulière d'un enfant s'abandonnant totalement à son imagination.

Les voix et une belgitude assumée

Dans un film d'animation de ce type, les voix jouent forcément un rôle prépondérant. Elles font vivre les figurines et permettent de faire passer des effets comiques particuliers, tout en jouant sur le côté absurde et décalé. Vincent Patar et Stéphane Aubier ont souhaité des accents wallons à couper au couteau, pour donner une certaine couleur locale au film. Outre les deux cinéastes eux-mêmes, le casting des doubleurs compte Benoît Poelvoorde, Bouli Lanners et Fred Jannin qui donnent une épaisseur et une certaine belgitude aux personnages.

Panique au village est un fleuron de l'animation et de l'humour belge, un objet artisanal qui rappelle avec verve les joies de l'univers débridé de l'enfance.

Sylvain Bayet
Juin 2009

 

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Sylvain Bayet est étudiant en 2e Master en Arts du spectacle à finalité didactique.