Les objets, véhicules de l'univers de l'artiste

L’impression qui me revient, c’est la manière dont les objets sont présents durant l’événement.

Ils sont, parfois à leur corps défendant , véhicules de l’univers d’un artiste.

Beaucoup sont avec nous dès le début, encore muets, mais déjà porteurs d’histoires.

Ils nous accompagneront jusqu’à la fin du festival. Un façon de dire qu’une action ne se limite pas au temps de la représentation , qu’il y a un avant et un après.

Des bouteilles sont mises en attente le long du mur.   Elles se retrouvent le lendemain brisées au milieu de la pièce et laissées là, non pas abandonnées, mais données à voir. Me reviennent alors en mémoire le fracas, le geste, le regard.

De petits tas de sable,  opaques et immobiles.

EglantineChaumont773-PietroPelliniLa table, nue, bien alignée dans un coin évoque presque un lieu sacré. Ce qu’elle sera le temps de la performance. Après, elle n’a pas bougé. Elle est encombrée de restes et on s’y sert sans faire de façons.

Il y a les détritus dans la cave, ventre  pas destiné à être montré. On y pénètre comme par effraction et au risque de se salir, de glisser, de tomber. Le spectateur doit s’y créer sa place, toujours inconfortable. Alors il bouge, et son point de vue change, son regard et son écoute aussi. Les journaux qui marquent un angle évoquent une sorte d’ordre. Mais bien vite ils seront bons à jeter à la poubelle, objets de consommation immédiate. Et dans le fond du fond, des visages de papier tombés dans la boue parlent de vies arrachées.

Une délicate surprise, dans le grenier : une installation qui, en fils ténus trace le chemin de la mémoire. Une belle mise en espace. Espace à rêver, à penser.

Mais lorsque le performeur met à mal une chaise je ne sais ce qu’il dit. J’ai mal reçu la performance finale. C’est un pari risqué que de faire travailler plusieurs performeurs en même temps. Peut-être auraient-ils été plus inspirés à en faire moins. Et ne pas se réfugier dans la manipulation de l’objet. Dommage.

 

Photo ©Pietro Pellini

Marie Rose Meysman
Mai 2012