La même année, Raoul Grimoin-Sanson présente à l’Exposition Universelle son Cinéorama , dispositif imposant qui, à l’aide de dix projecteurs cinématographiques, parvient à créer un panorama circulaire à 360° et à s’imposer dans l’Histoire comme le premier vrai film sur écran circulaire intégral. Malheureusement, la chaleur diffusée par les dix projecteurs provoque un accident dès les premières représentations et entraîne la fermeture de l’attraction. Le développement, dans la seconde moitié du 20e siècle, de technologies immersives telles que l’ IMAX et l’OMNIMAX, s’inscrivent directement dans la lignée de ces dispositifs englobant.


Cinérorama
Mais c’est avec le Hale’s tour6 (ci-contre) que va se mettre en place le véritable modèle du cinéma dynamique. Mise au point par George C. Hale, l’invention consiste en une réplique exacte d’un wagon de train au fond duquel est placé un écran de cinéma. Les spectateurs, face à l’écran, voient apparaître des vues cinématographiques prises depuis l’avant d’un train. L’installation produit une illusion d’autant plus parfaite d’un voyage réel qu’un système placé sous le wagon reproduit les secousses et les bruits du train en marche.
C’est sur ce modèle que vont se développer alors dans les parcs d’attractions modernes les Movie Rides (photos ci-dessous). L’une des premières et des plus populaires expériences dans le domaine fut l’attraction Flight to the Moon inaugurée en 1967 au Florida Disneyland d’Orlando. Aujourd’hui fermée, elle était inspirée du programme spatial américain Apollo. Les visiteurs embarquaient dans une navette spatiale à destination de la Lune. Durant le vol, des avaries survenaient et endommageaient le vaisseau, le contraignant à rentrer sur Terre. Les sièges, munis de coussins à air comprimé simulaient les vibrations du vol, la gravité lors de l'hyper-espace et du décollage-atterrissage. Constituant un environnement propice l’émergence d’effets de surgissement et de surprise, bon nombre de Rides ont par la suite associé la 3D relief aux effets dynamiques existants.
Ainsi, mouvements, effets sonores, 3D relief constituent le programme essentiel de ces attractions foraines modernes dont il existe aujourd’hui encore de multiples exemples à travers le monde. Dans cette recherche permanente d’élargissement du cinéma, il restait cependant encore un sens à investir, l’odorat. C’est sur cette base que va se constituer la quatrième dimension du cinéma. Les expériences, peu nombreuses, se sont développées de manières confidentielles et semblent aujourd’hui discrètement revenir sur le devant de la scène.
Si l’«Odorama» a connu des formes expérimentales et bricolées dès les débuts du cinéma7, l’Histoire aura néanmoins retenu le procédé du Smell-O-Vision mis au point par Hans Laube pour le film Scent of Mystery de Mike Todd Jr en 1960. La technique consistait à diffuser, depuis un petit tuyau placé sur le dossier de chaque siège, derrière la nuque des spectateurs, trente senteurs différentes, synchronisées avec leur apparition à l’écran. Coûteux et difficilement réglable en raison notamment de la persistance et du mélange des parfums, le procédé fut abandonné.
Dans cette cartographie rapidement esquissée des tentatives d’élargissement du cinéma, la 3D s’impose à la charnière de ces expériences réalistes (sons, couleurs) ou attractionnelles qui ont connu des fortunes diverses ; les premières s’étant définitivement imposées alors que les secondes sont restées irrémédiablement à la périphérie. La singularité de la 3D étant qu’à l’instar de la couleur et dans une moindre mesure du son, elle relève entièrement de l’image et non de l’adjonction d’un effet mécanique ou technique propre à la mise en scène de la séance comme dans le cinéma dynamique ou 4-D. Mais cette invention peine à s’imposer et à réaliser le destin révolutionnaire que certains lui ont assigné.
6 Voir à ce sujet : Fielding Raymond, « Hale ’ s Tours : Ultrarealism In the Pre-1910 Motion Picture », Cinema Journal, 1970, vol. 10, no. 1, pp. 34–47.
7 Dès avant 1910, certains exploitants utilisaient des linges imprégnés de parfum et placés devant de gros ventilateurs pour diffuser des odeurs dans la salle.
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