DOSSIER/ La 3D prend l'eau

titanic(c)21centuryfoxLa re-sortie de Titanic dans les salles obscures marque le grand retour des films déjà passés au rang de classiques, renaissant désormais sous le sceau de la 3D. Un bon moyen de rentabiliser son capital cinématographique, à l'image de versions remastérisées, par exemple. Si James Cameron est souvent présenté comme un pionnier en la matière (son documentaire Les Fantômes du Titanic avait déjà été l'occasion d'une expérimentation de la technique), sa célèbre superproduction fait déjà partie de l'arrière-garde des films ayant bénéficié d'une conversion de la 2D vers la 3D. Les outils numériques de post-production actuels permettent de réinterpréter des images profondément «plates», tournées à l'époque avec une seule caméra. Cette même pratique serait, selon certains analystes, responsable du décollage raté de la 3D toute neuve, toute fraîche vendue par les studios, parce que peu efficace dans les effets qu'elle permet. Parce que, tout simplement, ces films ont été d'abord pensés avec la grammaire du cinéma. Le discours promotionnel est pris, depuis cette nouvelle tentative commerciale, dans la spirale d'un éternel retour sur lui-même, vantant, pour la réapparition du Titanic sur nos écrans, les talents du fameux «réalisateur visionnaire d'Avatar». Le film le plus récent, par la crédibilité du spectacle tridimensionnel qu'il présente, devient le garant de celui qui le précède au panthéon des films rémunérateurs. Si Avatar, en son temps, a en effet été présenté comme un tournant dans la 3D – la partie émergée de l'iceberg –, les annonceurs ont avant tout misé sur la célébration du réalisateur probablement tout aussi «visionnaire» du Titanic, ce paquebot ayant coulé à la surface de nos écrans désespérément blancs comme la glace qu'il fend.

 

shrek