Marin Kasimir, Frieze of Frozen Freaks, 2006/2008

Actif sur la scène internationale depuis la fin des années 1970, Marin Kasimir est un artiste aux multiples facettes. Sa reconnaissance en tant que photographe laisse parfois oublier l'importance des recherches tridimensionnelles qu'il n'a jamais cessé de poursuivre. Ses préoccupations purement plastiques constituent pourtant la matrice de son principal sujet d'expérimentation : l'intégration à l'architecture et à l'urbanisme. Depuis Six plus One & more (Munich, 1991) jusqu'à ses réalisations les plus récentes à Bordeaux, Bruxelles ou Lyon, Kasimir développe un travail de réflexion sur la ville avec ses espaces, ses images et ses habitants. Terminée en 2003 pour le métro bruxellois, Interurbain (station CERIA) est exemplaire de la complexité des démarches par rapport au site, à son architecture et à ses utilisateurs.

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 Marin Kasimir, Interurbain, station de métro CERIA (arch. J.-P. Hoa), Bruxelles, 2003. Copyright : M. Kasimir
 
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Marin Kasimir, Interurbain (détail), station de métro CERIA (arch. J.-P. Hoa), Bruxelles, 2003. Copyright : M. Kasimir 

De part et d'autre du quai central, l'artiste a disposé deux panoramas (2,40 x 94 m) de manière à ce que les images puissent être vues tant par les voyageurs en attente sur les quais et que par ceux qui sont assis dans les wagons. Il y a une véritable dialogue avec le lieu ; on le voit encore dans la longueur des caissons rétroéclairés, calquée sur celle d'une rame de métro. Pour souligner le lien entre le cœur de la ville et sa périphérie, les vues ont été tournées à chaque extrémité de la ligne : place de la Monnaie et sur le site de l'école CERIA où se situe la station. La liaison est explicitement relevée par le jeu de trois figurants qui apparaissent sur chacune des compositions : d'un côté, ils pointent la caméra du doigt ; de l'autre, ils affichent l'expression étonnée d'être interpellés ; fin calculateur, Kasimir a positionné ces couples d'images dans un parfait vis-à-vis, créant ainsi un rapport visuel évident d'un mur à l'autre de la station et intégrant les voyageurs dans la dynamique de l'œuvre. D'autres réalisations comme Puzzle pour Rennes (2004) ou  Projections (Sint-Niklaas, 2004) témoignent de la sensibilité de l'artiste dans l'analyse des contextes.

A cette démarche d'intégration très circonstanciée, Kasimir associe une autre attitude : présenter, voire imposer l'œuvre dans un espace d'accueil pour lequel elle n'a été que très partiellement conçue. Dimensions (2005) installée au Parlement de la Communauté française à Bruxelles se présente sous la forme d'un long caisson lumineux installé dans le foyer, près de l'hémicycle. L'artiste y recycle des panoramiques tournés au château de Seneffe, dans la cour d'une école au moment de la récréation et au pied du beffroi de la cathédrale de Tournai, un jour de fête. La pièce est « juste » dans son accrochage ; ses proportions sont bien adaptées à l'espace ... mais on cherchera trop loin la relation entre les images et la destination particulière du lieu.

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