Alain Van der Biest (1943-2002)

Le suicide d'Alain Van der Biest, après une curée médiatique obscène et un « lâchage » de ses amis politiques, a occulté ses multiples talents, dont le littéraire. Accusé d'être le commanditaire de l'assassinat d'André Cools, ce « poète égaré en politique », selon les termes de Wilfried Martens, était comme le héros d'une « success-story ». Fils d'un ouvrier et d'une femme de ménage, Alain Van der Biest avait fait de très brillantes études de Philologie Romane, terminées par un mémoire consacré à Simone de Beauvoir. Militant de la première heure, il est entre dans l'arène publique après avoir professé cinq ans dans l'enseignement secondaire et avoir été, pendant quatre années, assistant au Service de didactique (Romanes), de 1971 à 1975. Secrétaire national adjoint du PSB, il devient bourgmestre de sa commune dès 1977, et député. Président du groupe PS à la Chambre, il est Ministre des Pensions en 1988, puis Ministre régional wallon des Affaires intérieures et des Travaux publics de 1990 à 1992. Quatre romans auto-fictionnels, drôles et tendres, sont publiés de son vivant : La Saison des pluies (1981), Les Genêts de Seraing (1984), Un Sioux socialiste (1985), Appelez-moi Miller (1987), ainsi qu'une sorte de journal intime grinçant : Les Carnets d'un bouc émissaire (1993).

Le dernier texte de cet amoureux de Proust et de Stendhal, Que tout aille bien, dénonce avec férocité et panache les intrigues et petitesses crapuleuses d'un monde corrompu qu'il avait fui dans l'alcool, mais étonne aussi par sa grande douceur.

Danielle Bajomée
 
 
 J'ai besoin de la ponctuation de l'avenir, toi, moi, le gros chat noir, impérieux comme la nuit, la nuit où je n'écrirai plus rien, où je ne penserai plus à rien, la nuit belle comme un couple de gisants qui s'aiment, une nuit belle comme deux billets de croisière, la nuit sans hâte qui ne servira qu'au matin, au neuf, à l'aube tranquille, à celle des gens qui sont prévenus contre tous les dangers, à nous, tels que nous sommes devenus, au bout de ce mois, dans cette maison, dans cette grande maison, construite par moi, pour toi, dans cette maison de langue française Vanderbiest

 

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