
En Belgique, où en est le débat autour du nucléaire ? Nos sept centrales, situées sur les sites de Doel et de Tihange, ont toujours prouvé un fonctionnement en toute sécurité. Construites dès 1966 et mises en service huit ans plus tard – en plein choc pétrolier –, les centrales belges devaient assurer au pays une indépendance énergétique. La loi Deleuze de 2003, votée par le gouvernement arc-en-ciel, prévoyait la sortie progressive du nucléaire : entre 2015 et au plus tard 2025, c'est-à-dire dès que les centrales atteignent leur quarantième anniversaire correspondant à leur « date de péremption ». « Cette sortie ennuie très fort ceux qui souhaitent rester dans le nucléaire. Il n'y a pas de tradition de réformes en Belgique », souligne l'Écolo Olivier Deleuze, l'un des cinq intervenants lors du débat autour de l'avenir du nucléaire organisé fin juin à l'institut de Zoologie de l'ULg.
En Allemagne, la sortie du nucléaire avait été planifiée dès 2000 par le gouvernement du chancelier Gerhard Schröder. Sa successeure, Angela Merkel, a annoncé une sortie progressive du nucléaire d'ici à 2022. Les sept centrales les plus anciennes avaient été fermées juste après l'accident de Fukushima. Une huitième suivra en 2013 et six autres subiront le même sort dès 2021. En 2022, toutes les centrales nucléaires d'outre-Rhin devraient être définitivement closes. Contrairement à nous, les Allemands ont pris quelques longueurs d'avance en matière de recherche et de maîtrise de la production d'énergie par les technologies vertes. « L'Allemagne est le deuxième pays exportateur au monde, précise Olivier Deleuze. Si elle a décidé de sortir du nucléaire, c'est qu'elle est persuadée que les technologies alternatives ont davantage d'avenir et qu'il faut miser sur elles. Je doute que les Allemands aient pris une décision pareille s'ils pensaient que cela remettrait en question la compétitivité de leurs produits. »
Fin 2009, le gouvernement belge a conclu avec GDF Suez Électrabel un accord de prolongation des trois plus anciennes centrales (Tihange 1, Doel 1 et Doel 2). Censées cesser de fonctionner en 2015, elles voyaient l'échéance reculer jusqu'en 2025. En échange, Électrabel s'engageait notamment à verser une contribution comprise entre 215 et 245 millions d'euros au budget de l'État, à investir au moins 500 millions d'euros dans les énergies renouvelables et à recruter environ 10 000 personnes d'ici à 2015. Depuis lors, cet accord a été remis en cause. L'exacte part qu'Électrabel doit reverser à l'État constitue aujourd'hui le nœud de la rente nucléaire.
La représentante du Forum nucléaire belge, Diana Nikolic, précise quant à elle que la question n'est pas de savoir si on est pour ou contre le nucléaire. La question est plutôt de s'interroger sur son avenir. Sachant que la part d'électricité produite par les centrales nucléaire en Belgique est d'environ 55 %, « arrêter les centrales n'est pas du tout impossible », dit Diana Nikolic, mais le pays entier continuera-t-il d'être alimenté comme c'est le cas actuellement ? Rien n'est moins sûr.
« En Belgique, si un accident se produisait aujourd'hui, nous aurions une zone de 1 200 km² vidée de ses habitants, que ce soit autour de Doel ou de Tihange, avertit Olivier Deleuze. L'avenir du nucléaire est fortement incertain en raison de sa fragilité. » En 2009, nos trois réacteurs les plus anciens avaient reçu un sursis de dix ans. Qu'en est-il de la sécurité ? Comme le rappelle Thierry Bastin, toutes les centrales au monde possèdent des systèmes de sécurité performants qui permettent aux réacteurs de se stopper en cas de danger, comme la survenue d'un séisme.
Contrairement à d'autres régions situées directement sur des zones de failles, la Belgique ne se trouve pas dans une région d'activité sismique intense. Ceci dit, la terre bouge chez nous également. Depuis 1350, on a enregistré 14 séismes de magnitude supérieure à 5, selon les données historiques de l'Observatoire royal de Belgique (ORB). On estime que tous les dix ans se produit un tremblement de terre localement destructeur, comme celui de Liège en 1983. Tous les 300 ans, il peut se produire un tremblement de terre destructeur pour l'ensemble du territoire. Pour l'heure, Électrabel prépare les stress tests auxquels seront soumises les deux centrales nucléaires belges. Ces essais auront lieu avant fin 2011. Selon l'ORB, le risque de séismes a été revu à la hausse par rapport à ce qui avait été prévu lors de la construction des réacteurs.
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