Dis donc toi là haut !!! Tu veux que je t'aide !!?
Attends un peu que je monte !!
Vous deux ! Dans vos chambres !
Cette fois ça commence à bien faire les conneries !!!
Je vais leur montrer qui commande dans la baraque moi !
Bom ! Bom ! Bom ! Bom ! Bom ! Bom ! Bom ! Bom !
Tu ne veux pas sortir de sous ton lit ? Très bien !
Dans ce cas, c'est pas la peine de venir à table ce midi !!!
Vlam !!!
Z'ont de la chance qu'aujourd'hui je sois de bonne humeur !
Allez ! 3 repas d'économisés ça s'arrose !
Papa Alcide carbure au gros rouge, pisse dans la cour, se dit que les ministres c'est tous des profiteurs et si, au fond, il les aime bien ses gosses, il leur met une baffe de temps à autres quand ils dépassent les bornes. Chez les Carroulet, la maison n'a pas de vestibule : on pénètre directement dans une pièce unique avec sa table recouverte d'une toile cirée. Celle-ci tient lieu à la fois de salle à manger, atelier, cuisine, buanderie, fumoir et salon télé.
Dénué d'esbroufe, le dessin de Tofépi, s'il paraît torché à la hâte, se révèle d'une prodigieuse efficacité, le médium parfait pour dépeindre le quotidien de sa famille de prolétaires un peu abrutis mais définitivement attachants. Les Caroullet sont un sorte d'avatar rural et franchouillard des Simpsons. Le dessinateur rennais renoue aussi avec l'anticonformisme jouissif du Popeye d'Elzie Segar et l'habileté avec laquelle il souligne les moments les plus apparemment dérisoires de l'existence rappelle les débuts de Lewis Trondheim. Cet ouvrage reprend le contenu de trois albums sortis – fort discrètement – aux éditions du Seuil au début des années deux mille. Deux cent pages d'humour mêlant tendresse et vachardise dont la plus grande vertu est sans doute de ressembler à la vraie vie.
Tofepi, Les Carroulet, éd. La Pastèque
Erwin Dejasse
Juin 2011
