Nouvelles

Henri Calet, Contre l'oubli
« Calet avait raison. Ni lui ni son œuvre ne méritent l'oubli, contre lequel il n'a jamais cessé de protester, à sa manière, qui est discrète. » Ces mots sont de Pascal Pia, rédacteur en chef de Combat auquel a collaboré dès 1944 l'auteur de La Belle Lurette ou de La Fièvre des Polders, roman où il évoque la Flandre qu'il a connue adolescent. Pour le quotidien issu de la clandestinité, cet écrivain de mère flamande a confié des chroniques réunies dans ce livre ainsi que d'autres parues à la même époque dans France-Soir ou Terre des Hommes. Voilà un formidable portrait de la France d'après-guerre peint par un observateur aigu et avisé de son temps. Un temps où on tente de digérer cinq années terribles dont sont progressivement révélés les aspects les plus tragiques. Comme ces lettres poignantes envoyées à leurs parents par des jeunes hommes quelques minutes avant leur exécution. (Les Cahiers Rouges)

Jean Giono, Le noyau d'abricot
Des textes de Giono inédits ? Eh oui : les quatre contes qui composent ce recueil, écrits dans les années 1920, n'ont jamais paru en volume. Le héros du Noyau d'abricot, inspiré des Mille et Une Nuits, est un djinn que la « dolente amoureuse dont il s'était jadis moqué », par vengeance, transforme en noyau d'abricot. Grasset réédite dans la foulée quatre romans de l'auteur provençal, Un de Baumugnes (1929), Regain (1930) et Que ma joie demeure (1936), ainsi que le moins connu Serpent d'étoiles (1933), un récit d'initiation aux limites du fantastique. (Les Cahiers Rouges)

Martine Laval, Quinze kilomètres trois
C'est une longue nouvelle que propose la journaliste de Télérama avec cette histoire dont le titre renvoie à la distance qui sépare les deux héroïnes, deux adolescentes minées par l'ennui et la désespérance, des falaises du Cap Blanc-Nez d'où elles vont faire le grand saut. Prennent successivement la parole, pour tenter de les comprendre, d'expliquer leur geste, leur prof, une autre fille qui les connaissait mais ne les aimait pas, le cousin qui travaille sur les ferries et une femme qui a lu le fait divers dans le journal. S'expriment également l'auteure elle-même, qui les regarde faire, et le paysage. Le style est sobre, précis, sans espace pour autre chose que ce qui doit être dit. Et c'est fort bien dit. (Piccolo)

Bernard Quiriny, L'angoisse de la première phrase
Avant d'écrire ses Contes carnivores couronnés par le Prix Rossel 2008, avant de publier un gros roman d'anticipation remarqué à la rentrée 2010, Les Assoiffées, le Belge Bernard Quiriny a publié en 2005 ce premier recueil de nouvelles. La première, qui donne son titre à l'ensemble et pose la question de la première phrase d'un roman, commence, en une savoureuse mise en abyme, par ces mots : « La première phrase : voilà l'ennemi. » Pour le héros, surgira, au soir de sa vie, le problème de la dernière phrase de son dernier roman. Et la réponse qu'il apporte est des plus surprenantes et intelligentes. Tous les autres textes sont du même tonneau : bigrement futés. (Points)