Guillaume Prévost, La valse des gueules cassées

Nous sommes au lendemain de la Première Guerre mondiale. À Paris, sévit un tueur qui s'acharne sur ses victimes pour en faire des « gueules cassées ». Veut-il se venger de ce que lui-même a subi ? L'enquête est menée par François-Claudius Simon. Ce jeune policier abandonné à sa naissance par sa mère est sorti de la conflagration avec une sale blessure générant de bien pénibles migraines. Sur son chemin, il va faire d'étranges découvertes qui ne le mèneront pas toujours là où il pensait aller. La force et l'intérêt de ce livre policier, au-delà de son intrigue très bien construite, est sa dimension documentaire, l'auteur, agrégé d'histoire, recréant jusque dans les moindres détails cette période encore sous le traumatisme de son passé récent. (10/18/Grands Détectives)

Dominique Manotti, Bien connu des services de police

Panteuil, une banlieue imaginaire du nord de Paris avec ses tours et ses « djeuns », ses filles venues d'ailleurs qui font le tapin dans des parkings, ses trafics de drogue et ses rackets divers. Après le prologue où l'on voit deux flics ripoux imposer leur loi sur des êtres vulnérables, l'intrigue s'installe dans le commissariat et suit différents personnages : deux nouveaux arrivants affectés à Police Secours et au « bureau des pleurs », quelques cow-boys peu regardants sur la méthode, une membre de R.G. et puis la commissaire qui doit faire du chiffre pour satisfaire le Ministère de l'Intérieur. Une enquête sur des vols de voitures, l'incendie d'un squat où de nombreux Maliens trouvent la mort, et la machine s'emballe. (Folio Policier)

Jérôme Bucy, La Colonie des ténèbres

Un passionné de chauve-souris découvre quelques spécimens morts dans les tunnels de la Petite Ceinture parisienne. Est mis en cause un nouvel insecticide réputé non toxique testé par une firme chimique. À partir de la vidéo d'un suicide, il apprend que plusieurs ouvriers de cette multinationale sont enterrés dans le village où elle est implantée. Dans ses recherches, il est guidé par une énigmatique jeune fille au courant de bien des choses. Parallèlement, une enquête nous plonge à Berlin-Est en 1962 où deux femmes sont retrouvées mutilées, laissant chacune derrière elle un enfant d'une dizaine d'années traumatisé et mutique qu'un médecin tente de faire parler. Cet angoissant thriller est signé par l'auteur de La Chambre d'ambre. (Pocket)

Arnaldur Indridason, Hypothermie

À chaque nouveau livre, l'Islandais Arnaldur Indridason, par le biais de mystérieuses disparitions, lève un coin du voile sur un aspect sombre et peu reluisant de la réalité de son pays, qu'il soit d'hier ou d'aujourd'hui, les deux époques cohabitant le plus souvent. Dans ce sixième opus, plus serein que les précédents mais pas moins réussi, le commissaire Erlendur, séparé de sa femme et père d'une jeune fille de plus en plus présente dans sa vie, reprend une enquête sur un soi-disant suicide après avoir écouté une cassette où il est question des liens entre les vivants et les morts. L'auteur de La Cité des Jarres ou Hiver Arctique confirme une fois de plus qu'il est une valeur sûre de la littérature policière nordique. (Points, traduction Éric Boury)

Mikkel Birkegaard, La Librairie des ombres

Ce premier roman d'un écrivain danois né en 1968 est diablement original. Par la bouche du vieil employé de son père qui vient de décéder, et dont il hérite de la librairie à Copenhague, le héros, un avocat, découvre l'existence d'une société secrète composée de lecteurs pouvant influencer la lecture de n'importe quel quidam. Il apprend par la même occasion que le décès paternel n'est peut-être pas si naturel que ça. À partir de cette excellente idée, ce roman pose une question que n'importe quel lecteur se pose, celle du pouvoir de la lecture justement. (10/18, traduction Inès Jorgensen)

Émile Gaboriau, Les enquêtes de Monsieur Lecocq

Emile Gaboriau (1832-1873) est considéré comme le père du roman policier français. L'Affaire Lerouge, dont la parution en feuilleton dans deux quotidiens successifs en 1865 et 1866 connaît un immense succès, est inspiré d'un fait divers réel mais jamais élucidé, l'assassinat de la veuve Lerouge. Il marque l'entrée en scène de l'inspecteur Lecocq, agent de la Sûreté parisienne sous le Second Empire. Ce personnage astucieux et réfléchi est secondé dans ses recherches par un détective amateur, le père Tabaret. Deux autres histoires, Monsieur Lecocq et Le Crime d'Orcival, complètent ce volume. (Omnibus)