Poches - Romans français et étrangers

Aubry

Gwenaëlle Aubry, Personne

Dresser en vingt-six lettres, de James Bond à Zelig en passant par Mouton noir, le portrait d'un père disparu, tel est le projet de ce livre très touchant, Prix Femina 2009. Un père professeur de droit atteint toute sa vie d'une maladie sans nom, une sorte de folie qui va aller en empirant avec l'âge. Un père qui écrivait chaque matin des textes sans jamais les publier dont sa fille recopie de larges extraits au fil de ces pages profondément justes et émouvantes. Gwenaëlle Aubry possède une belle puissance littéraire qui habite un autre roman, L'isolée, augmenté d'une nouvelle, L'isolement, dont la narratrice est la même, une fille de vingt ans tombée dans la violence avec son ami rencontré lors des grèves de 1995 (Folio)


boulgakov

Mikhaïl Boulgakov, Le Maître et Marguerite

Certains n'hésitent pas à placer le chef d'œuvre inachevé de l'écrivain russe (1891-1940) qui fut loué avant d'être persécuté par Staline, parmi les plus grands livres de l'histoire littéraire. Ce «roman-univers» mêlant différents niveaux de langage (ironie, grotesque, romantisme, fantastique, critique sociale) montre Satan qui, sous les traits d'un magicien, qui conclut un pacte avec une certaine Marguerite. Sont ainsi posées les questions faustiennes de la création artistique, du Bien et du Mal, de la destinée de l'homme à travers trois histoires entremêlées dont les cadres sont Moscou dans les années 1930 ou Jérusalem sous Ponce Pilate. (Folio, traduction Françoise Flamant)

 


camilleri

Andrea Camilleri, Le tailleurs gris

Ce roman s'inscrit dans la veine non-policière de l'auteur sicilien des enquêtes du commissaire Montalbano. Mis à la retraite, le directeur d'une banque se retrouve à la fois face à la femme qu'il a épousée en secondes noces et qui le trompe, face à une forme d'ennui, de désœuvrement et de solitude et, plus grave, face à la maladie qui, peu à peu, prend possession de son corps. Ce bref et émouvant roman donne à voir la déchéance physique et morale d'un individu qui, la veille encore, lorsqu'il occupait de hautes fonctions, jouissait d'un prestige et d'une respectabilité lui donnant une impression d'invincibilité. Un texte humain et profond qui n'est pas sans évoquer Simenon. (Points, traduction Serge Quadruppani)


 
 
chapuis

Bernard Chapuis, Le rêve entouré d'eau

On trouve, chez Bernard Chapuis, une vraie joie dans l'écriture, dans le souci d'inventer des personnages et des situations, dans le plaisir de créer une littérature qui surprend et émerveille le lecteur. Suite à la disparition de leurs parents dans un accident d'avion, quatre enfants sont recueillis par autant de célibataires et amis aussi originaux que cocasses qui partagent le même immeuble. Il leur faut retrouver quatre objets improbables, la selle d'un chevalier indien, un lit, une «tacouba», un «matsu», et voilà ce petit monde parti aux antipodes. Avec retour au Cap Ferret d'où tout a commencé. C'est fin, charmant et spirituel. Ce Rêve entouré d'eau a obtenu le Prix des Deux Magots 2010. (Folio)


 

chevalier

Tracy Chevalier, Prodigieuses créatures

Au début du19e siècle, il ne fait pas de doute, pour les Anglicans, que la Terre, avec ses paysages et animaux, est telle que l'a créée Dieu, comme le raconte la Genèse. Si rien n'a été créé depuis, rien, non plus, n'a disparu car cela supposerait que Dieu a commis des erreurs. C'est une adolescente issue d'un milieu pauvre, Mary Anning, qui, par ses découvertes, va provoquer une révolution des consciences : ses fossiles arrachés à la falaise de Lyme Regis sont effectivement bien ceux d'animaux aquatiques préhistoriques. L'auteure de La jeune fille à la perle retrace cette histoire vraie en alternant les points de vue de l'intéressée elle-même et de son amie, Élizabeth, une vieille fille londonienne venue vivre là avec ses deux sœurs et collectionneuse de fossiles de poissons. Une merveille écrite dans un style d'une beauté poignante. (Folio, traduction Anouk Neuhoff)



dawesar

Abha Dawesar, L'Inde en héritage

L'enfant «grandit avec la maladie». La sienne puisque, de santé fragile, il reste le plus souvent dans le dispensaire de ses parents. Mais aussi celle des patients dont il est le témoin auditif. C'est de sa chambre qu'il découvre un monde extérieur vicié par la corruption et autres maux, c'est à dire l'Inde où l'auteure est née en 1974. C'est aussi sur sa famille qu'il ouvre les yeux, une famille elle aussi bien peu exemplaire comme il s'en aperçoit lors du mariage d'une cousine. L'Inde en héritage est la magistrale radiographie d'un pays qu'Abha Dawesar a quitté pour étudié aux États-Unis. Il se partage aujourd'hui entre Delhi et Paris.  (10/18, traduction Laurence Videloup)



dostoievski

Dostoïevski, Crime et châtiment

C'est en 1866 que paraît Crime et châtiment. À 45 ans, Fiodor Dostoïevski signe le premier de ses cinq romans-tragédies, son œuvre aujourd'hui la plus connue. Dans la préface à cette nouvelle édition, son traducteur, Pierre Pascal, estime que sa lecture est le plus sûr moyen de «s'initier» à son auteur. «C'est le plus angoissant des romans policiers», note-t-il. Ajoutant néanmoins que «cette histoire d'assassinat et d'assassin est aussi tout autre chose» à savoir : un roman social, un roman d'idées, un roman psychologique d'inspiration profondément chrétienne. Dans l'introduction, Jean-Philippe Toussaint confie que sa lecture, à 21 ans, fut pour lui une «révélation» qui l'a conduit vers l'écriture. (GF Flammarion).

Page : 1 2 3 next