
José Picon est décédée ce dimanche, à l'âge de 89 ans. Dotée d'une personnalité hors normes, elle a fortement marqué la vie artistique liégeoise. De nombreuses expositions lui ont été consacrées en Belgique et à l'étranger. La dernière aura été la rétrospective intitulée « José Picon. Un demi-siècle d'abstraction » au Musée d'Art Wallon de Liège où elle avait souhaité que soient accrochées, à côté des siennes, des toiles de quelques artistes amis qui avaient participé avec elle à « la grande aventure de l'abstraction ».
« Du travail, de l'émotion, de la sincérité, l'œuvre, chez José Picon, est une œuvre totale, elle mobilise toute l'énergie de l'artiste. Voilà pourquoi, peut-être, elle s'installe au plus profond de nous, comme une lumineuse confidence » écrivait Jean-Pierre Hupkens en 2008. Même si l'œuvre est abstraite, c'est de la vie qu'elle parle, de ses émotions, de ses angoisses aussi, comme une figuration d'un regard intérieur.

C'est à la fin des années 50 que José Picon a réellement trouvé sa voie, quand elle abandonne le dessin pour la peinture abstraite, ce que peu de femmes artistes osaient à l'époque. Est-ce pour être reconnue dans ce milieu masculin qu'elle signe ses œuvres de son second prénom ?
Dès le début, ses couleurs sont vives et témoignent d'une force nerveuse et tranquille à la fois où les zones obscures mettent en lumière les taches de jaunes, bleus, verts et rouges vigoureux, où on ressent énergie et vitalité.
Pendant toute sa carrière, elle ne cessera d'innover, refusant de s'enfermer dans un système, et de chercher d'autres moyens « d'atteindre ce monde obscur et invisible qui est le chant intérieur, l'aspiration à l'infini, autrement dit de tenter d'apercevoir le souffle de vie. »
Ses recherches de couleur et de mouvement ne cessent de transformer son œuvre. De grandes plages blanches donnent relief et puissance à des taches vives, nerveuses. Tantôt des compositions aux formes plus arrondies où les noirs et les couleurs se juxtaposent et parfois se superposent, donnent une autre profondeur à l'expression de l'artiste.


Puis ce seront des zones de couleurs de plus en plus construites et définies, délimitées jusqu'à devenir presque géométriques quelquefois, qui s'entremêlent moins, et parfois pas du tout. La puissance de la couleur est toujours impressionnante, les verts et les roses, les oranges et les bleus, beaucoup de couleurs vives, brillantes, éclatantes, audacieuses, qui s'agitent, se marient ou s'entrechoquent.
Ci-contre : Composition, 2007.Huile sur toile155x115 cm
« La nuit, le silence se remplit et je pars à l'écoute et à la poursuite d'une couleur inconnue. Tenter l'accord impossible. » José Picon, 2008.
Claudine Purnelle
Juin 2011