Blain et Lanzac - Quai d’Orsay
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Alors que la campagne présidentielle française de 2012 est lancée depuis quelques mois, ce livre donne un éclairage de l’intérieur sur le fonctionnement du ministère des affaires étrangères lorsqu’il était dirigé par Dominique de Villepin (renommé ici Alexandre Taillard de Vorms) de 2002 à 2004. On y suit Arthur Vlaminck, jeune recrue en charge des « langages » du ministre (« Je vous confie la chose la plus importante : le langage »), c’est-à-dire de l’écriture de ses discours.

On l’y voit prendre ses ordres auprès de celui qui domine tous les autres par sa grande taille (« Je vous ai dit : il faut structurer. Légitimité, lucidité, efficacité ». [Étonnement] « Vous aviez dit responsabilité, unité et efficacité »), se confronter à ses collègues, chacun pris dans ses propres intrigues et ses propres logiques, observer la vie du ministère et commenter la politique avec sa compagne les rares fois où il rentre dormir. Réunions nocturnes, discussions de couloir affirmant le contraire des entrevues officielles, constructions des strates du discours, consultations des conseillers, révisions du discours, réunion générale, réécriture du discours, retour chez les conseillers, re-révisions du discours, etc.

Cette plongée dans l’univers de la diplomatie française emporte le lecteur dans un grand tourbillon, mêlant politique internationale et vie de l’administration, espoirs personnels et crises mondiales, références à Héraclite et parodies de Star Wars. Le dessin de Blain sert admirablement les emportements du ministre et les stupéfactions du narrateur. Un deuxième volume est attendu.

Björn-Olav Dozo
Juin 2011

Blain et Lanzac, Quai d’Orsay. Chroniques diplomatiques, Dargaud, 2010.

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