
Éclair, tonnerre et pluie sur New York... Une lumière isolée en haut d'une tour, un désordre sans nom dans les différentes pièces d'un grand appartement, des factures qui s'accumulent sur un bureau... De la chambre proviennent des soupirs de plaisir étouffés... Un homme, Asterios Polyp, avachi dans son lit devant la télévision. Il joue avec son briquet, entouré de linge sale et de cassettes vidéo...
Un éclair... l'alarme incendie, le feu, la fuite... Que prendre ? Son briquet, sa montre, son couteau suisse. Sortir. Vue générale du bâtiment en feu. L'appartement, qui comprenait une immense bibliothèque, est dévasté. Au moment où commence cette histoire, Asterios Polyp regarde son appartement brûler. « Pure coïncidence : il se trouve que c'est aussi aujourd'hui son cinquantième anniversaire ». L'événement sera le prétexte d'une remise en question radicale de sa vie, tentative de rédemption d'un homme trop sûr de sa raison qui a perdu celle qu'il aime sans même comprendre pourquoi.
Premier roman graphique de l'auteur, Asterios Polyp est un coup de maître, à la mesure des créations du personnage, le professeur Polyp, titulaire de la chaire d'architecture à Ithaca, « architecte de papier » qui n'a vu aucun de ses plans bâti, mais dont la carrière a été couronnée par de nombreux prix. Dessin, découpage, cadrage, dialogues : tout est juste, suggestif et profond, sans tomber dans le démonstratif ni le moralisateur. Un vent de fraîcheur dont on sort songeur.
Björn-Olav Dozo
Juin 2011