Voici l'homme ! La définition même du terme d'humanité est souvent bancale, alors qu'elle est sous-jacente à toute actualité, qu'elle soit politique, économique, sociale, religieuse... et encore de l'ordre du fait divers : ouvrez un journal, pressez le bouton d'une radio. Est-il besoin de dire que la même définition, avec parfaite justesse et rigueur, devrait être incontournable pour aborder quelque question d'Histoire que ce soit ?

Et pourtant, aujourd'hui comme hier, le mot qui le premier devrait être investi de la plus haute noblesse d'esprit est malmené ; volontairement souvent, inconsciemment parfois, on lui laisse prendre des libertés avec : race, couleur de peau, gènes, nation... et n'importe quoi, et même éthique.

S'il est un livre qu'il faut, dans ce domaine, mettre aujourd'hui au tout premier rang, c'est le remarquable essai de Marylène Patou-Mathis, Le Sauvage et le Préhistorique, miroir de l'Homme occidental. Une belle démonstration et dénonciation aussi, du fait que de prétendues constructions scientifiques ont amené à superposer deux autres : « le Sauvage – l'Autre dans l'espace – et le Préhistorique – l'Autre dans le temps ». La mise en lumière d'arguments qui ont pu justifier des discours sur l'indigence intellectuelle  et morale de ces deux Autres, « avec toujours en contrepoint l'Homme occidental, à la fois fasciné et rempli de préjugés », mais qui peut trouver dans ces arguments de quoi douter de l'humanité de Neanderthal et le rabaisser au rang de brute, ou de quoi légitimer les mouvements des colonisations. En ces temps d'identité nationale, à ceux qui en douteraient encore – et il s'en trouve ! – il n'est pas inutile de rappeler que : « La notion de ‘‘races'', héritée du 19^e siècle, n'a donc aucun fondement biologique » (Patou-Mathis 2011, p. 302).