Il s'agit du premier véritable roman en bande dessinée qui voit la naissance d'un héros mythique, le marin Corto Maltese, entouré de personnages non moins fascinants comme Raspoutine, le Moine, Pamela et Caïn Groosvenore, Cranio et Tarao, le Maori.

Écrivain, aquarelliste de génie, maître de l'impressionnisme en noir et blanc, Hugo Pratt réinvente complètement la bande dessinée et lui donne enfin ses lettres de noblesse.

Je me souviens avec nostalgie m'être rendu en 1976 à la Foire du Livre de Bruxelles pour y glaner une dédicace de l'écrivain/dessinateur.

 « Je suis l'océan Pacifique et je suis le plus grand. » Ainsi s'ouvre cette ballade qui ne va plus nous quitter pendant les quelques heures de lecture de ces 169 pages.

En harmonie avec la beauté des images, le texte renferme des dialogues tout aussi ciselés :

« Corto Maltese - Eh ! Mais comme tu es belle ! Tu me fais penser à un tango d'Arola que j'écoutais au cabaret "Parda Flora" à Buenos Aires.

Pandora Groovesnore - Il y avait peut-être quelqu'un qui me ressemblait ?

Corto Maltese - Non, c'est justement parce que tu ne ressembles à personne que j'aurais voulu te rencontrer toujours...n'importe où... »

Et puis quelques cases plus loin, à la fin du livre :

« Caïn Groosvenore - Au revoir les amis... Au revoir ! Ne m'oubliez pas... Vous êtes... vous êtes les amis les plus beaux du monde ! »

Comme l'aile blanche de l'albatros sur le souffle monotone du Pacifique, ainsi vagabonde, va la voile du vrai marin, hier et aujoud'hui, un jour quelconque de ce janvier 1915 qui voit la fin de La ballade de la mer salée...

Une grande exposition lui est consacrée à la Pinacothèque de Paris où l'on peut découvrir jusqu'au 21 août prochain, outre l'intégralité des planches en noir et blanc de la Ballade, de nombreuses aquarelles et illustrations du maître vénitien.

Vincent Geenen
Juin 2011