L'auteur est maintenant connu, ancien résistant, rédacteur de la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, il insiste sur la motivation première de l'engagement à savoir l'indignation. Appelant les jeunes générations à ne pas accepter le monde tel qu'il est mais à vouloir lui imprimer sa marque, à faire bouger les structures d'injustice, il insuffle une fraîcheur qui avait été oubliée à la politique. Bien entendu, on a raison de dire que l'indignation est un sentiment de divan télévisuel voire de siège d'internaute, que sans rencontre physique et manifestation publique d'une opinion collective – encore à construire –, il n'y a pas de pression possible sur des gouvernants qui ont trop appris à séduire des électeurs de plus en plus passifs. Faire changer les règles de décision commune implique, au-delà du sentiment d'indignation, une organisation, un débat permanent et institutionnalisé, une action concertée du niveau local au niveau international mais Stéphane Hessel ici se borne à la source de tout ce qui peut faire bouger le monde
: le sentiment qu'il faut que ça bouge. Et cela vient à point dans la méditerrannéisation de la jeunesse du monde, ce mouvement qui fait penser à 1848, à 1918, à 1968 qui n'a ni organisation ni leader mais une lassitude, une «
helaasheid
» commune face à un monde qui semble échapper à ceux qui l'ont construit et encore bien plus à ceux qui le subissent.
Pierre Verjans
Juin 2011
Stéphane Hessel, Indignez-vous !, éditions Indigène, Montpellier
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