Emily Dickinson - Poésies complètes
dickinson

 

Dans les poèmes d'Emily Dickinson, chaque mot est une pierre sertie, une image et un symbole. Qu'elle se fonde sur les phénomènes les plus naturels (lumière, saisons, fleurs) ou sur les élévations de l'esprit entretenues dans la réclusion et la solitude intérieure, sa poésie séduit par sa luminosité et par la transparence énigmatique de sa profondeur. Comme une métaphysique intime.

Son œuvre abondante (près de 1800 poèmes) ne fut connue qu'après sa mort. Elle mérite d'être lue dans son intégralité. La traduction de Françoise Delphy parue en 2009 nous la donne. On lira avec tout autant d'intérêt – et pour la comparaison – les remarquables traductions de Claire Malroux, parues chez Corti (Un âme en incandescence et Y aura-t-il vraiment un matin ?) et chez Gallimard (en collection « Poésie » : Quatrains et Car l'adieu, c'est la nuit).

 

 

 

J'ai pris une Gorgée de Vie -
Je vais vous dire ce que j'ai payé -
Très exactement une existence -
Le prix du marché, ont-ils dit.

Ils m'ont pesée, grain par grain de poussière -
Ont pris la mesure de chaque Particule,
Puis m'ont remis la valeur de mon Être -
Une Goutte de Paradis, une seule !

*

Si je n'avais pas vu le Soleil
J'aurais supporté l'ombre
Mais la Lumière rendit plus Désert encore
Ce Désert qui était le Mien -

*

Si ma Barque fait naufrage
C'est pour une autre Mer -
La Première Marche de la Mortalité
Est l'Immortalité -

*

Je préfère me souvenir d'un Coucher
Plutôt que de posséder un lever de Soleil
Même si le premier est un bel oubli
Et que le second est vrai

Parce que dans partir il y a du Théâtral
Qu'on ne trouve pas dans rester -
Mourir divinement une fois par crépuscule -
Est plus aisé que décliner -

Gérald Purnelle
Juin 2011

Emily Dickinson, Poésies complètes (traduction par Françoise Delphy, Flammarion).

« Précédent           I           Suivant » 

Retour à la liste Poésie 

Retour aux Lectures pour l'été 2011