Si la perspective d'empaqueter un essai pour votre départ en vacances vous rebute, voici le parfait antidote. Dans Penser comme un rat, la philosophe Vinciane Despret nous invite à réfléchir, avec une grave légèreté, aux questions que peuvent bien poser les membres d'une communauté académique. Car, oui, tout scientifique est avant tout un être interrogeant, qui pose sans cesse des tas de questions au monde qui l'entoure, au monde physique, au monde animal, au monde social. Et qui obtient toute une série de résultats. Dans un style limpide, Vinciane Despret nous invite à nous demander dans quelle mesure ces résultats constituent une réponse, une opinion, un jugement de la part de l'entité interrogée. Par exemple, comment le rat se comporte-t-il face à un dispositif, inconnu de lui, qu'est le labyrinthe ? Qu'attend-on de lui ? Comment interprète-t-il cet environnement dans lequel il se trouve soudain plongé ? Et voilà qu'on se laisse surprendre à penser à soi, à notre rapport au monde, aux choses et aux êtres que nous avons parfois l'impolitesse de solliciter, pour leur poser un tas de questions et leur faire dire toute une série de choses. Cet essai bref et didactique abonde d'exemples et d'anecdotes qui donnent à réfléchir. Après tout, même sous le soleil, ou surtout sous le soleil, n'est-il pas agréable d'irriguer le flot de nos pensées ?
Dans la même veine, Vinciane Despret co-signe avec Jocelyne Porché un magnifique essai, Être Bête, qui reprend la question séculaire : « quelle est la différence entre l'homme et l'animal ? ». Pour y répondre, elles ont l'idée géniale de poser la question à ceux qui travaillent au quotidien avec des animaux: des éleveurs de vaches et de cochons. Leurs réponses s'avèrent désarmantes et prennent à rebours bien des présupposés, loin du confort ex cathedra d'un bureau cloisonné...
François Thoreau
Juin 2011
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