Roman américain inclassable.
Quand dès les premières lignes d'une histoire, le héros de 7 ans se fait écraser la tête par la Jeep du facteur, on s'attend soit à nager en plein mélodrame, soit à pénétrer dans un univers pour le moins déjanté. C'est heureusement la seconde solution qui l'emporte ici puisqu'Edgar se remettra miraculeusement de cet épisode, et ira même jusqu'à le considérer comme le plus formateur de son existence. Loin de sa réserve apache et de l'ombre de l'« arbre à canettes » alimenté par sa mère, Edgar passe quelques mois à l'hôpital, le temps de se faire un ami, Art, puis est envoyé dans une école pour indiens, où il se console des brimades auprès d'un bloc désodorisant pour urinoirs, avant d'être enfin adopté par une famille de Mormons... L'histoire que nous raconte Edgar est tour à tour grave, drôle et touchante, non seulement par son récit mais surtout par ses personnages : à l'image du docteur Pinkley qui passe du statut de héros salvateur à celui de dealeur harcelant, ils sont le miroir de la complexité humaine et donnent au roman une vraie épaisseur en plus de son caractère vivifiant.
Brady Udall, enseigne aujourd'hui à la Boise State University (Idaho). Le destin miraculeux d'Edgar Mint est son premier roman après un recueil de nouvelles intitulé Lâchons les chiens. Il a publié en 2010 son second roman, Le polygame solitaire, qui revient avec dérision sur le milieu des Mormons, dont il est issu.
Brady UDALL, Le destin miraculeux d'Edgar Mint, traduction de Michel Lederer, Éditions 10/18, 2001.
Claudine Houbart
Juin 2011
