La Chanson du mal-aimé d'Apollinaire

Un recueil moderne et mélancolique

alcools

Apollinaire a d'abord voulu donner La Chanson du mal-aimé comme clé d'entrée au recueil Alcools, qui rassemblait en 1913 le meilleur de sa production de quinze ans. In extremis, il a donné ce rôle au long poème « Zone », en vers libres rimés. La proximité des deux poèmes est multiple. La fin de la Chanson, avec son évocation de Paris, est une ouverture sur le monde moderne à l'extrême fin d'un poème qui a tout entier baigné dans le passé, celui de l'histoire et celui du poète. « Zone » ouvre sur un rejet du passé qui résonne comme un cri du cœur : À la fin tu es las de ce monde ancien. Mais loin d'être une pure célébration de la modernité, le poème baigne dans l'expression retenue d'une nouvelle souffrance amoureuse, celle que lui cause la séparation d'avec Marie Laurencin. Des échos rapprochent les deux poèmes et les deux femmes, Annie et Marie :

Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages
Avant de t'apercevoir du mensonge et de l'âge
Tu as souffert de l'amour à vingt et à trente ans
J'ai vécu comme un fou et j'ai perdu mon temps

Le poète de la modernité qu'était Apollinaire, le promoteur des nouveautés cubistes en peinture, celui qui fut l'un des inventeurs du vers libre moderniste, ce poète était aussi et avant tout un mélancolique.

Chanter la chanson

fanchon
Tout dans la Chanson du mal-aimé l'indique – son titre, son oralité, sa musicalité, sa richesse de tons et de registres – : ce poème est aussi fait pour être dit et chanté. Il faut saluer l'initiative et la performance de Fanchon Daemers qui, avec un grand talent et une extrême sensibilité au texte, donne vie et présence à la voix poétique d'Apollinaire. Rarement la poésie aura été aussi richement et aussi subtilement servie.
Fanchon Daemers interprète l'oeuvre d'Apollinaire en s'accompagnant d'instruments rares, le 7 avril à 20h15, au Théâtre en Île (Liège)  
 

Gérald Purnelle
Mars 2011
crayongris

Gérald Purnelle mène ses recherches dans le domaine de la métrique, de l'histoire des formes poétiques et de la poésie française des 19e et 20e siècles.

 


 

L'AIAGA : Association Internationale des amis de Guillaume Apollinaire

Fondée en 1953, L'AIAGA s'est donné pour mission de promouvoir la figure et l'œuvre du poète, singulièrement dans le lien vivace que nourrit avec lui la ville de Stavelot où il séjourna en 1899. Elle se manifeste par des activités culturelles et touristiques locales ; elle participe à l'organisation bisannuelle des colloques internationaux Apollinaire ; elle collabore étroitement avec les instances stavelotaines, notamment le Centre culturel, l'Office du tourisme et l'ensemble muséal de l'Abbaye, qui abrite le musée Guillaume Apollinaire ; elle gère et met à disposition un riche fonds d'ouvrages ayant Apollinaire pour auteur ou pour sujet.

 

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