La Chine, laboratoire de l'évolution humaine

Aujourd'hui, la Chine est omniprésente dans les médias, principalement grâce à la croissance exponentielle de son industrie, qui a mené le pays au rang de deuxième puissance économique mondiale. La culture chinoise est également reconnue pour sa grande richesse, qu'il s'agisse de philosophie, d'art ou de littérature.

Mais ces régions ont également vu l'émergence, il y a environ 2 millions d'années, de premières formes humaines. Celles-ci sont, au même titre que leurs « cousins » d'Afrique, les ancêtres de nos populations actuelles. La Chine et plus largement l'Extrême-Orient sont donc des régions extrêmement importantes pour l'histoire de l'Humanité.

Du Pithécanthrope aux « Hobbits »

En 1891, Eugène Dubois, anatomiste néerlandais, découvre sur l'île de Java (Indonésie) des ossements d'une espèce apparentée à l'homme, qu'il nomme « Pithécanthrope », « l'homme-singe », que l'on classe aujourd'hui parmi les Homo erectus anciens et que l'on situe autour de 2 millions d'années. La découverte rejoint alors parfaitement les théories darwiniennes en développement à cette époque : le fameux « chaînon manquant », assurant la transition entre le singe et l'homme, a été retrouvé !

1.Eugene Dubois
Le Hollandais Eugène Dubois (1858-1940),
pionnier de l'archéologie en Chine
 
2.Pithecanthrope-Dubois
Ossements et dents du Pithécanthrope de Java,
découverts par Eugène Dubois

Cette impulsion déclenche nombre de recherches en Asie orientale. Cependant, dans l'entre-deux-guerres, c'est la Chine qui intéresse particulièrement les scientifiques et qui suscite de mutiples expéditions scientifiques. L'une d'entre elles, financée par Citroën, a pour objectif de faire la publicité de ses véhicules tout-terrain à chenilles et, par la même occasion, de découvrir des fossiles. Le père jésuite français Teilhard de Chardin, paléontologue et géologue, fait partie de cette expédition : la fameuse « croisière jaune », qui en 1931-32, doit rallier Paris à Pékin. Une fois arrivés à destination, Teilhard de Chardin et son équipe entreprennent la fouille de la grotte de Zhoukoudian où ils mettent au jour une industrie lithique abondante, plusieurs vestiges de foyers, des ossements animaux... Et surtout les restes fossilisés d'une nouvelle espèce humanoïde : ils la nomment « Sinanthrope », l'homme de Chine,  que l'on date de 200 000 à 400 000 ans avant notre ère et attribué par la suite aux Homo erectus récents.

3.Réseau supérieur de Zhoukoudian
Réseau supérieur de Zhoukoudian
 
4.Sinanthrope

Moulage d'un crâne du Sinanthrope de Zhoukoudian.
Licence Creative Commons
 
 
5.Sinanthrope-reconstitution
Reconstitution du sinanthrope, Musée de Zhoukoudian à Pékin.
Licence Creative Commons

Les recherches et les découvertes se poursuivent au cours des décennies suivantes, marquées par l'exhumation de nouveaux fossiles : en 1963 à Lantian (Chine centre-orientale), en 1978 à Yuanmou (Chine méridionale), en 1985 à Yunxian (Chine centre-orientale également)... Les fouilles du réseau des grottes de Zhoukoudian se sont également poursuivies jusque dans les années 2000. Elles ont livré un témoignage exceptionnel de l'évolution de l'homme et de son environnement : près de 500 000 ans ont été préservés, sans interruption, dans les différentes strates de la grotte.

Durant tout le 20e siècle, les missions paléontologiques et archéologiques se multiplient également dans le reste de l'Asie : Japon (principalement dans la partie orientale de l'île principale, Honshū), Corée (avec l'important site paléolithique de Suyanggae) et Asie du Sud-Est. La découverte, en 2003, du petit Homo floresiensis, sur l'île indonésienne de Florès, fait grand bruit, tant dans la communanuté scientifique que parmi le grand public. On en vient à l'appeler le « Hobbit », en référence aux héros de petite taille des œuvres de J.R.R. Tolkien.

6.Homo floresiensis
Comparaison entre le crâne d'Homo floresiensis et celuyi d'Homo sapiens

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