Un tout nouveau théâtre sur la place

C'est l'heure de votre premier spectacle dans le nouveau Théâtre (dont le nom n'est d'ailleurs pas encore connu). Vous voici place du 20-août. Devant vous, la façade de l'Émulation a été rénovée et nettoyée. Au rez-de-chaussée, un front continu tout en verre unit la façade de l'Émulation et celle  de la nouvelle aile construite à la place des deux maisons voisines. On pénètrera dans le théâtre par le bâtiment principal mais regardons d'abord l'ensemble.

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À côté, la nouvelle aile abrite au rez-de-chaussée une petite librairie, une entrée pour les camions et l'entrée des artistes. Au-dessus de celles-là s'avance, en porte-à-faux sur le trottoir, le volume tout en verre de la petite salle de 145 places. 

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<< Maquette de la future librairie
© François Brix

 

 

 

 

 

La petite salle et ses gradins escamotables
permettant de l'utiliser comme salle de répétition.
Photos © François Brix

 

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Rentrons donc dans l'Émulation par l'une des trois grandes portes vitrées. Un bel espace d'accueil, dégagé. À gauche, la cafétéria. À droite, la billetterie. Munis de vos billets, vous montez deux marches, traversez un petit sas et vous voici dans un large promenoir. Il abrite le vestiaire et de là part aussi le grand escalier d'honneur qui monte aux étages. Dans cette salle, des réceptions pourront être organisées, le bar de la cafétéria étant à « double face »: il donne dans les deux salles. Pour rentrer dans la grande salle de spectacle, deux solutions, selon votre numéro de place : le rez-de-chaussée ou le grand escalier.

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Entrons par le rez-de-chaussée, en traversant les larges portes. Devant nous, c'est magique : le gradin, d'un seul tenant, a été imaginé comme une main ouverte qui reposerait, devant la scène à notre gauche, sur son poignet. De là où nous sommes, nous pouvons donc, par la gauche, monter sur le gradin par le bas ou, en avançant tout droit, passer en-dessous du gradin qui s'élève en pente pour aller toucher le balcon tout en haut. Cet espace sous le gradin peut, lui aussi, être utilisé pour de petites réceptions. Assis sur l'un des 557 sièges, nous voici face à la scène au milieu d'une grande salle au cachet intact, avec ses belles moulures.

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Nous aurions pu aussi emprunter l'escalier, sur la droite du promenoir. Distribuant les toilettes publiques à l'entresol, il débouche, au premier étage, dans un grand vestibule. Celui-ci mène, devant nous, au haut du gradin. À l'arrière de celui-ci, au lieu d'aller s'asseoir, on peut aussi rejoindre une grande salle d'exposition illuminée par une belle verrière. Le grand vestibule précédent donne aussi sur deux très beaux salons rénovés, en façade, qui pourront servir de salles de réception, avec possibilité de service traiteur. De ce vestibule on peut aussi accéder à la petite salle. Dotée d'un gradin rétractable, tout en longueur, elle s'ouvre par une grande verrière transparente sur la place  du 20-août. On pourra y répéter ou y jouer des spectacles.

© Atelier d'architecture Pierre Hebbelinck

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Voilà, vous avez tout vu du « circuit public ». Vous avez partout été plongé dans une ambiance  très sobre. La décoration s'appuie principalement sur deux éléments: le verre, parfois strié, parfois décoré, et le chêne. Les tonalités se déclinent sur celles du bois: ocre, brun. Le plasticien liégeois Patrick Corillon, qui est aussi un homme de théâtre, a un peu partout installé ses interventions artistiques discrètes : gravures dans le bois ou sur le verre, pochoirs sur les murs. L'ensemble n'a rien de tape-à-l'oeil, il s'agit que le visiteur découvre peu à peu ces interventions. Dans le même ordre d'idées, toute la signalétique est effectuée par gravures sur le bois, omniprésent.

Artistes, techniciens et personnel du théâtre découvriront le reste. Par l'entrée des artistes, place du 20-août, à côté de l'entrée camions, on grimpe d'emblée vers un plateau d'une dizaine de loges, avec un petit foyer. L'ensemble donne sur la petite salle. De là on peut aussi rejoindre l'arrière de la cage de scène et les locaux techniques. Si l'on continue à monter, on rejoint, au deuxième étage, une deuxième salle de répétition et l'ensemble des bureaux administratifs, aménagés sur deux niveaux et dotés d'une terrasse orientée plein sud, en intérieur d'îlot. Là se trouve aussi le logement : deux chambres du concierge. Pour les « travailleurs » du théâtre, il y a une autre entrée dans le bâtiment, rue des Carmes. Derrière une façade vitrée, on y pénètre dans les réserves, au rez-de-chaussée et l'on peut monter, au premier, vers les ateliers couture et décors du théâtre, qui s'élèvent sur deux niveaux sous une grande verrière. Des circulations permettent évidemment le passage entre cette partie du bâtiment et la partie centrale donnant sur la place du 20-août. Le traitement décoratif est le même. Le chêne est travaillé de manière plus brute, les teintes restent à l'ocre avec, au sol, de la céramique ou du linoléum brut.

Grâce à un travail préalable très important avec le Théâtre de la Place, les architectes ont ainsi créé un bâtiment parfaitement fonctionnel et moderne mais qui, comme le signale Pierre de Wit, « préserve et prolonge la mémoire de ce bâtiment, car c'est cette mémoire des lieux, bien plus que les pierres elles-mêmes, qui en font la valeur ».

 

Pierre Morel
Mars 2011

 

crayongrisPierre Morel est journaliste indépendant.

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