Lorsque l'auteur d'un drame ou d'un roman historique s'écarte de ses sources historiographiques, lorsqu'on sait - comme on le sait dans le présent cas – qu'il néglige sciemment le récit des chroniqueurs ou des historiens chez qui il puise pour raconter les faits à sa façon, on peut soupçonner que l'altération de la vérité historique sert la vérité poétique. Que racontent les chroniqueurs ? En un mot, que Richard a abdiqué sous la contrainte. Que donne à voir Shakespeare ? Un roi qui, non sans avoir déployé une dernière fois l'armée des mots contre Northumberland, l'émissaire de Bolingbroke, abandonne volontairement sa couronne au rebelle qui n'en demandait pas tant. Il s'agit d'un abandon par étapes, dont la première est un court soliloque où Richard constate que sa parole a cessé de faire autorité et aspire à une sorte d'anéantissement spirituel :
Mon Dieu ! Mon Dieu est-il possible que ma langue qui a prononcé une terrible sentence de bannissement contre cet homme orgueilleux doive l'effacer avec des mots d'apaisement ? Pourquoi ne suis-je pas à la hauteur de ma peine ou pourquoi suis-je plus petit que le nom que je porte ? Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à oublier celui que j'ai été ou à ne plus me rappeler ce que maintenant je dois être ?
La deuxième étape est une longue rêverie de dépouillement où, en présence de Northumberland, porteur d'une invitation à des pourparlers, et d'Aumerle, un fidèle du dernier carré, Richard évoque le troc des biens liés à la personne royale contre le minimum dont se contentent ceux qui vivent en ermites :
(...) Je donnerai mes bijoux pour un chapelet (...), mon sceptre pour un bâton de pèlerin (...), mon vaste royaume pour une petite tombe, une toute toute petite tombe, une tombe qui ne se remarque pas (...)
Richard se parle à lui-même plus qu'à ceux qui l'écoutent comme s'il avait perdu la raison, et il conclut :
(...) Je vois bien la futilité de ce que je dis, et que vous vous moquez de moi. Très puissant prince, mon seigneur Northumberland, que dit le roi Bolingbroke ? Sa Majesté consentira-t-elle à laisser vivre Richard jusqu'à ce que Richard meure ?
Remarquables formules : devant des tiers, le roi légitime donne le nom de roi au prince rebelle et, se désignant lui-même par son prénom, il remet entre les mains de ce dernier moins la survie de sa personne que celle de ce dangereux prénom qui fut royal.
Non moins remarquable est la rencontre avec Bolingbroke. Celui-ci, quoiqu'il ait pour lui le pouvoir des armes, traite Richard comme un vassal doit traiter son suzerain : il s'agenouille pour lui rendre hommage, perpétuant ainsi le rite féodal à l'abri duquel l'ambition personnelle se donne libre cours. Mais Richard dénonce les simagrées qu'il a longtemps faites lui-même et il énonce la loi nouvelle :
Nous ne pouvons rien faire d'autre que ce que la force exige que nous fassions.

Cet aveu d'impuissance face à Bolingbroke jouissant de la supériorité militaire, cette reconnaissance de la vanité du titre de roi, de l'inanité de la fonction royale, n'est pas le dernier stade du délabrement que subit l'identité de Richard II d'Angleterre, délabrement intime qui constitue le pendant de la décomposition de l'ordre féodal. Le comble de la déréliction et l'ultime étape de l'effondrement personnel seront atteints au cours de la cérémonie publique d'abdication9, où, une fois de plus, le souverain dépossédé puise dans un arsenal de mots de quoi se représenter en nouveau Christ, de quoi conserver une dérisoire parcelle de majesté, de quoi nier l'acte qu'il pose et, enfin, de quoi niveler tout le monde en faisant passer chacun sous la même toise de trahison :
J'ai bonne mémoire des faveurs que j'ai accordées à ces gens-là. N'étaient-ils pas mes gens ? Ne me criaient-ils pas « Salut à toi » il y a peu de temps encore ? Le salut de Judas au Christ ! Mais le Christ a eu onze apôtres sur douze qui lui sont restés fidèles. Moi, aucun sur douze mille. (...) Vous pouvez me priver de ma gloire et de mon statut, vous ne pouvez pas me dépouiller de mes chagrins. Je suis toujours le roi de mes chagrins. (...) Moi, non, je n'abdique pas. Ce n'est pas moi qui abdique. Je n'abdique pas car je suis forcé de n'être plus rien, et, toutefois, oui, j'abdique en te cédant la place. (...) Mes yeux sont remplis de larmes, je n'y vois plus. Pourtant l'eau salée de mes pleurs ne m'aveugle pas au point que je ne puisse voir ici une bande de traitres. Et si je regarde en moi-même, c'est un traitre comme les autres que je vois, puisque, ici même, j'ai consciemment accepté de me dépouiller de mon glorieux corps royal (...)
On est ici tout proche de l'acmé de cette tragédie dont le personnage principal incarne la ruine de la parole publique. Richard est la cause la plus évidente de cette ruine et c'est lui qui, le plus évidemment, en subit les conséquences. Il tenait un discours royal sans se tenir lui-même comme il sied à un roi. Il tenait en place grâce à son seul discours et tant que ce discours ne suscitait pas de contestation qu'il ne puisse rapidement étouffer. Il a suffi d'un mot de trop – celui par lequel Richard a spolié Bolingbroke – suivi d'un inopportun silence – celui qu'a entrainé l'expédition militaire de Richard en Irlande – pour que surgisse la contestation latente, pour qu'une autre voix fasse entendre non pas un autre discours, mais exactement celui qui continuait à avoir cours alors qu'il avait perdu toute valeur. Nous le constaterons : Bolingbroke use de la même langue de bois que Richard, mais c'est Bolingbroke, celui que les gens déçus par Richard croient momentanément capable de vivifier cette langue en disant ce qu'il fait et en faisant comme il dit. En attendant voici le summum du pathétique...
Le fait a toujours pour cadre la cérémonie de l'abdication. Richard est pressé par Northumberland de donner lecture d'un document où il reconnait avoir agi contre le bien commun et avoir ainsi mérité sa déposition. Confessant cela, le roi légitime son éviction et son remplacement. Mais en attendant, il est toujours le roi et Northumberland s'adresse à lui selon les formes :
- Mon Seigneur...
- Je ne suis pas ton seigneur, pas ton seigneur à toi, qui me traites de haut, ni le seigneur de personne. Je n'ai pas de nom, je n'ai pas de titre, et même le prénom de mon baptême je le porte sans y avoir droit. C'est un bien triste jour qu'aujourd'hui, où je ne sais même plus de quel nom m'appeler, moi qui ai passé tant d'hivers. Tant d'hivers... tiens ! voilà ce que je devrais être : un risible roi de neige, dressé face au soleil de Bolingbroke, un roi qui fond, un roi qui disparait en gouttes d'eau. Bon roi, grand roi, roi qui ne fut pas grandement bon, si mon discours a encore cours en Angleterre, qu'il ordonne qu'on m'apporte ici un miroir, un miroir qui montrera la tête que j'ai depuis que cette tête a perdu sa couronne.
C'est l'ultime bataille de mots que livre Richard, plus contre lui-même que contre un interlocuteur écarté d'entrée de jeu. Sur le terrain, face à face, celui qui voudrait n'être plus rien tant lui est amère la pensée de n'être plus ce qu'il a été, et celui qui porte toujours le nom de roi tant qu'il n'a pas formellement reconnu qu'il ne méritait pas de le porter. En demandant un miroir, en réclamant l'intervention d'un tiers garant de la vérité, Richard interrompt l'affrontement intime comme il a mis fin, au début de la pièce, à la querelle entre Bolingbroke et Mowbray par la décision d'un duel judiciaire. À Northumberland, qui, en attendant qu'on apporte le miroir, insiste une fois de plus pour que Richard lise la confession publique qui devrait satisfaire les représentants du peuple à la Chambre des Communes, le roi répond :
J'en lirai suffisamment quand je pourrai voir le livre original où tous mes péchés sont écrits, autrement dit quand je pourrai me voir moi-même. (Quelqu'un entre avec un miroir.) Donnez-moi ce miroir, c'est là-dedans que je veux lire. Elles ne sont pas plus marquées que ça, mes rides ? La douleur a donné tant de coups à ce visage sans y creuser de blessures plus profondes ? Tu me flattes, miroir, tu me trompes comme le faisaient les gens de ma suite au temps de ma prospérité. Est-ce là le visage de celui qui chaque jour, sous son toit, prenait soin de dix mille hommes ? Est-ce là le visage de celui qui, comme le soleil, faisait baisser les yeux ? Est-ce là le visage de celui a envisagé tant de folies pour finalement faire piètre figure devant Bolingbroke ? Il y a, brillant sur ce visage, une gloire qu'on peut casser. Et comme on peut casser la gloire, on peut casser le visage. (Il brise le miroir.)
C'est le comble de la perte d'identité : dans son reflet, Richard ne se reconnait pas. Son image n'est pas celle d'un homme torturé par la souffrance, pas celle du Christ trahi qu'a récemment forgée son discours. Cette image n'est pas non plus celle du souverain impérieux autant que fastueux qu'il se souvient d'avoir été. Et ce n'est pas davantage celle d'un roi qui, il en convient, s'est égaré sur les routes qui mènent à la perte de toute considération. Pour comble, l'image demeure comme auréolée de « gloire », c'est-à-dire de bonne renommée publique tenant à de remarquables mérites : héritage du titre royal, que Richard a dilapidé. Que faire d'autre que fracasser ce miroir qui ne lui montre pas ce qu'il voudrait voir, ce miroir où il ne peut pas lire ce qu'il a dit, ce miroir qui semble se moquer de lui-même en faisant briller sur son visage la gloire qu'il a ternie ?
À ce suicide symbolique, qui constitue le point culminant et quasi la fin de l'acte IV, fait pendant l'assassinat de Richard, qui, à peu de chose près, clôt l'acte V. Mais ce peu de chose n'est pas chose de peu d'importance. S'y manifeste en effet, de manière particulièrement évidente, la singularité de cette tragédie : la disparition du protagoniste n'entraine pas un retour à l'ordre que celui-ci a perturbé, mais un renouveau du désordre dont il a été le maître d'œuvre en donnant l'exemple de la dissociation entre le dire et le faire, entre la forme et le sens.
Le meurtrier de Richard, Pierce d'Exton, a entendu le nouveau souverain, Bolingbroke devenu Henry IV, répéter, à propos du souverain détrôné, cette question dont le caractère oratoire est rien moins que flagrant :
N'ai-je pas un ami qui me débarrasserait de cette peur bien vivante ?
et, tenant la question pour la demande indirecte qu'elle était fort probablement étant donné les facteurs non verbaux de la communication...
En prononçant ces mots, il m'a regardé de manière insistante comme pour dire : « Je voudrais que ce soit toi, l'homme qui libérera mon cœur de cette peur-là. »
Exton est passé à l'acte. Au cours de la scène finale, où les partisans du nouveau souverain viennent lui annoncer que sont tombées les têtes de ses adversaires et où Henry prononce lui-même une sentence de bannissement en justifiant sa clémence par « l'honneur » du banni, le meurtrier fait déposer devant le trône le cercueil où git la dépouille de Richard et il reprend, pour désigner celui-ci, le mot même dont s'est servi le roi :
Grand roi, dans ce cercueil, je te fais présent de ta peur – de ta peur ensevelie.
Le souhait d'Henry est réalisé, mais celui-ci refuse de le reconnaitre. Henry refuse la conséquence de ses paroles. Henry, dont le règne commence dans un bain de sang, a compris que sa couronne tient au traditionnel respect du porte-couronne. Si le pli se prend d'assassiner les rois, sa propre vie ne vaut pas cher. S'il cautionne le meurtre de Richard, il légitime les coups sous lesquels il pourrait lui-même succomber. Aussi renie-t-il celui qui l'a servi, répétant l'acte d'ingratitude de Richard envers Mowbray, au début de la pièce :
Je ne te dis pas merci, Exton : ta main malheureuse a commis une action dont l'ignominie couvre ma propre tête et ce glorieux pays tout entier. (...) Si j'ai souhaité qu'il [Richard] meure, je hais son assassin et je l' [Richard] aime assassiné. (...) Va-t'en, avec Caïn, rôder dans les ténèbres de la nuit et ne montre plus ta tête à la lumière du jour. Seigneurs, je vous l'assure, mon âme est remplie de tristesse quand je pense à moi comme à une fleur qui ne grandirait que si on l'arrose de sang. Venez pleurer ce que je pleure et prenez le deuil sans attendre. Je ferai le pèlerinage de Terre Sainte pour laver ces mains ensanglantées et coupables. Suivez-moi dans la tristesse, faites honneur à mon deuil en suivant avec des larmes ce précoce cercueil.
« Words, words, words ! », comme dira Hamlet. Mots de circonstance, paroles obligées, montre d'affliction pour dissimuler une satisfaction intime, peut-être même inavouable dans le for intérieur. Le nouveau règne commence fort mal, mais il commence dans le plus strict respect des formes.
Troisième partie
Il est parfois difficile de découper, dans une œuvre littéraire, un fragment emblématique qui permette au lecteur de se faire une idée du tout et lui donne l'envie de le lire. Ce n'est assurément pas le cas ici même : à la scène 2 de l'acte III, soit à peu près au milieu de la pièce, figure un soliloque presque aussi célèbre que le monologue d'Hamlet, un soliloque qui non seulement résume La tragédie du roi Richard II, mais annonce rétrospectivement le fatum présidant à toute la série des historical plays10, un soliloque qui, en outre, exemplifie les deux facettes de l'écriture shakespearienne : écriture dépouillée, d'une part, dont l'impact tient au choix de mots à fort potentiel affectif, écriture chantournée, d'autre part, dont le pouvoir de séduction tient à l'audace des images. Qu'on en juge.

Richard chancelle sous les annonces répétées des calamités entrainées par le retour d'exil de Bolingbroke : ses ministres ont été exécutés ; la majorité des nobles s'est ralliée au rebelle ; ne reste plus, autour de lui, rempart dérisoire contre la puissance de ses adversaires, qu'une poignée de fidèles. C'est à eux que le souverain déchu s'adresse d'abord, c'est à eux qu'il s'adressera pour finir, se laissant aller, entre ce début et cette fin, à une mélancolique rêverie sur le destin royal.
(...) Que personne ne me réconforte. Parlons de tombes, de vers de terre et d'épitaphes. Avec nos yeux en pleurs, sur la poussière devenue papier, gravons notre tristesse dans le sein de la terre. Choisissons des exécuteurs testamentaires et disons-leur nos volontés. Mais qu'est-ce que je raconte là ? Que pouvons-nous laisser en héritage si ce n'est, à la terre, notre corps destitué ? Nos domaines, notre vie, tout est devenu la propriété de Bolingbroke et il n'est rien que nous puissions dire nôtre, excepté la mort – la mort et cette petite forme de terre stérile qui sert de pâte et de vêtement à nos os. Pour l'amour de Dieu, asseyons-nous. Asseyons-nous à même le sol et racontons la triste histoire de la mort des rois. Les uns ont été déposés, les autres tués à la guerre, d'autres encore ont été hantés par les spectres de ceux qu'ils avaient déposés. Certains ont été empoisonnés par leurs femmes ; certains, frappés dans leur sommeil. Tous ont fini assassinés. Car au creux de la couronne qui encercle les tempes mortelles d'un roi, c'est la mort qui tient sa cour et trône en bouffonnant. Elle se moque du statut de celui qui règne ; elle considère sa pompe en ricanant ; elle lui accorde le temps d'un souffle, le temps d'une petite scène pour jouer au roi, pour se faire craindre, pour terrasser d'un regard ; elle lui inspire une vaine satisfaction de sa misérable personne, comme si cette chair qui nous protège était une forteresse d'airain. Puis, quand elle en a assez de se jouer de lui, elle arrive avec une petite épingle, elle transperce la paroi du château, et c'en est fait du roi... Non, n'ôtez pas vos couvre-chefs ! Ne vous moquez pas de ce qui est chair et sang avec de solennelles révérences, envoyez au diable le respect, la tradition, les formes et l'étiquette. Vous vous êtes trompés tout le temps : je vis de pain, comme vous, comme vous j'éprouve le manque, comme vous je ressens la douleur, comme vous j'ai besoin d'amis. Comment pouvez-vous m'appeler roi alors que je suis dans un tel état de dépendance ?
Ce qui a été dit dans la deuxième partie dispense d'un long commentaire de cet extrait, représentatif d'une tendance du personnage éponyme à s'exprimer plus qu'il ne communique dès lors que sa parole a perdu sa légitime vertu performative. Richard en majesté ne dit pas publiquement ce qu'il pense, mais son dire équivaut à un faire. Richard en perdition parle vrai mais le plus souvent sans grand souci d'être entendu : privé de la prérogative de façonner le monde au moyen des mots, il se réfugie chaque fois qu'il le peut dans le soliloque où il ne s'expose pas au risque de la contradiction.
La fin de celui-ci est une claire dénonciation des rituels servant d'étais à l'édifice branlant de la monarchie féodale. Sans ces manifestations de reconnaissance de l'éminence royale, le roi n'est plus qu'un homme comme les autres. Comme les autres ? Pas en tout point, car, spolié de sa puissance, il acquiert une plus vive conscience de la misérable condition humaine. C'est cela même, La tragédie du roi Richard II : l'histoire d'un souverain qui s'est cru à l'abri des rites, des formes, des formules consacrées, et qui découvre qu'il habitait un château de cartes. Mais c'est également l'histoire d'un changement aussi inutile que coûteux en vies humaines : avec Henry IV se perpétue le règne du mensonge et de l'illusion.
Jean-Louis Dumortier
Janvier 2011

Bibliographie
Dumortier, J.-L. (2005). Tout petit traité de narratologie buissonnière à l'usage des professeurs de français qui envisagent de former non pas de tout petits (et très mauvais) narratologues, mais des amateurs éclairés de récits de fiction. Namur : Presses universitaires de Namur.
Dumortier, J.-L. (2006). Conduite esthétique, jugement esthétique et écriture de soi. Repères, n°34.
Eco, U. (trad. fr. 1985). Lector in fabula. Paris : Grasset.
Fluchère, H. (1966). Shakespeare, dramaturge élisabéthain. Paris : Gallimard.
Jones-Davies, M.-T. (2008). Présentation et notes de La tragédie du roi Richard II, dans Shakespeare, Histoires, Paris : Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade.
Laroque, F. (1991). Shakespeare. Comme il vous plaira. Paris : Gallimard.
Pavel, T. (1988). Univers de la fiction. Paris : Éditions du Seuil.
Schaeffer, J.-M. (1996). Les célibataires de l'art. Pour une esthétique sans mythes. Paris : Gallimard.
Suhamy, H. (1996). Shakespeare. Paris : Éditions de Fallois.
9 Les cent soixante-quatre vers correspondant à cette cérémonie, que Shakespeare situe au Parlement alors qu'en réalité elle a eu lieu à la tour de Londres, avec moins d'éclat et de publicité, ont été censurés sur ordre de la reine Élisabeth. Comme Richard lui-même, celle-ci laissait le trône sans héritier direct et elle sentait souffler le vent de la sédition. (Jones-Davies, 2008, pp. 1430, 1444 et 1481). Autoriser que sur la scène d'un théâtre soit représentée l'abdication d'un roi, c'était rendre visible ce que les séditieux pensaient possible. 10 Rappelons que Richard II n'est pas la première des pièces consacrées par Shakespeare aux souverains d'Angleterre, mais que la déposition du roi peut être considérée comme l'acte donnant le branle à la longue querelle dynastique qui va ensanglanter l'Angleterre.