De l'esprit à l'outil : le geste technique à la Préhistoire

À partir des environs de 10 000 ans avant notre ère, une nouvelle mutation majeure s'amorce. Le chasseur-cueilleur du Paléolithique va peu à peu se sédentariser, conservant dans un premier temps son économie prédatrice, tout en l'adaptant au climat adouci de l'Holocène. Au Mésolithique, comme on nomme cette période, la pêche devient l'une des ressources alimentaires principales. Cela s'en ressent sur l'outillage, qui comporte bon nombre de harpons, foënnes et nasses. Le développement du couvert végétal rend l'usage de la sagaie peu adapté à la chasse, au contraire de l'arc et des flèches. On voit donc apparaître une grande variété de pointes de flèches (« armatures »), caractéristiques de l'une ou l'autre tradition culturelle.

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Quelques millénaires plus tard, aux environs de  -8000, la sédentarisation se généralise et l'agriculture apparaît, probablement au départ du Proche-Orient. Encore une fois, le rapport à la nature change : l'homme cherche à présent à la dominer pour la mettre à son service, posant ainsi les fondements de nos civilisations actuelles.

En dehors d'un outillage adapté aux pratiques  agricoles (lames de faucille, haches polies), l'innovation la plus importante est l'utilisation généralisée de la terre cuite. Les récipients en céramique constitueront, par leurs formes et leurs décors, les marqueurs culturels pour l'ensemble des phases du Néolithique.

Céramique du néolithique ancien (civilisation Rubanée, Belgique).
Musée de Préhistoire ULg - Photo © ULg Michel Houet
 
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Enfin, à partir du deuxième millénaire, en Europe, la technologie atteint en quelque sorte son apogée : la maîtrise de la métallurgie fait son apparition, tout d'abord le bronze puis le fer à partir de 1000 avant Jésus-Christ. Des réseaux de commerce se tissent, depuis des zones d'extraction des minerais parfois très éloignées. À partir de ces matières, les hommes créent récipients, haches, épées, casques, bijoux... Que les archéologues retrouvent dans les riches tombes de princes protohistoriques. Mais ils continuent toutefois d'utiliser la céramique et la taille de la pierre (notamment pour les pointes de flèches).

 Outils du Néolithique récent (culture de Seine-Oise-Marne, France)
Musée de Préhistoire ULg - Photo © ULg Michel Houet

« Les gestes techniques de la préhistoire » reprend donc de manière détaillée cette vaste histoire des technologies, en offrant également au lecteur de nombreuses illustrations richement commentées.

L'ouvrage conviendra tout à fait aux étudiants en archéologie, qui chercheront un support écrit pour leurs cours de travaux pratiques, mais aussi à l'amateur averti qui souhaite s'initier à l'analyse des réalisations techniques.Toutefois, le manque de clairs repères chronologiques écartera le néophyte, qui devra plutôt se tourner vers un ouvrage plus généraliste. Néanmoins, ce livre constitue une bonne synthèse sur le sujet, permettant ainsi d'appréhender l'évolution de l'esprit humain et les variabilités culturelles au travers des productions technologiques.

Élise Delaunois
Septembre 2010

 

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Élise Delaunois est étudiante en deuxième année de maîtrise en Histoire de l'Art et Archéologie.

 

Lire aussi l'article sur Reflexions 


 

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OTTE, Marcel et NOIRET, Pierre. Les gestes techniques de la préhistoire. De Boeck, Bruxelles, 2010, 247 p. 23 €.

Marcel Otte est Professeur de préhistoire à l'Université de Liège et spécialiste des peuples européens ainsi que de l'évolution des arts et des religions. Pierre Noiret est Maître de conférences à l'Université de Liège et consacre ses recherches aux civilisations préhistoriques européennes.

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