Que faites-vous de vos loisirs ?

L'étude du CRISP dirigée par Michel Guérin sur les « Pratiques et consommation culturelles en Communauté française » était très attendue puisque la dernière enquête de ce type remonte à près de 25 ans. Voici une lecture rapide et critique des principales données présentées dans le récent rapport.

 

Deux objectifs principaux ont guidé l'enquête : d'une part « combler un vide » en matière de données et, d'autre part, étudier de plus près la « demande » des publics1.

Le rapport structure les données recueillies sous cinq catégories : (I) les pratiques de loisirs et du temps libre, (II) les pratiques culturelles extérieures, (III) la fréquentation des institutions culturelles, (IV) les pratiques culturelles à domicile, (V) la lecture.

opéra

Le chapitre concernant la fréquentation des institutions culturelles nourrit de manière assez classique le projet politique de « démocratisation de la culture ». En effet, il vient confirmer un profil type de consommateur de culture : diplômé de l'enseignement supérieur, habitant en milieu urbain et issu d'une catégorie sociale plutôt supérieure. Le « coût des sorties » y est mentionné comme l'obstacle principal à la participation (surtout pour le spectacle vivant). Ces constats contribuent à nous rappeler que « la démocratisation de la culture reste un projet largement inachevé ». 

Le rapport entend, cependant, dépasser une conception restreinte, nécessairement publique et institutionnelle de la culture. En effet, l'option retenue est de considérer la culture en termes d'action choisie : « la culture est l'intégralité des actions choisies par les individus »2. Dans cette perspective, les enquêteurs se sont intéressés à l'utilisation du temps libre et ont intégré à l'étude un ensemble élargi d'activités telles que les relations de convivialité, les sorties de shopping, l'utilisation de l'ordinateur, etc.

Cette démarche présente au moins un double intérêt. Premièrement, elle permet d'approcher la réalité du temps libre dans sa multi dimensionnalité. Deuxièmement, cette approche permet au répondant « qui ne serait pas intéressé par l'offre culturelle publique, d'échapper à une représentation négative des pratiques " cultivées " en valorisant ses propres centres d'intérêt et activités du temps choisi ».

En guise d'aperçu du rapport, voici une sélection de quelques enseignements qui ont retenu notre attention.

Sortir pour quoi faire et aller où ? Consommer, se promener, s'engager...

  • « Sorties flânerie : L'activité de shopping et de lèche-vitrine est la plus répandue de ce type et concerne 88% de la population francophone, soit une progression de 24% par rapport à 1985. »
  • « Sorties plein-air : C'est la promenade dans un espace vert en ville qui augmente le plus en passant de 46 à 67%. »
  • « Sorties réunions : Se rendre à une activité militante, associative ou bénévole concerne 24% de notre échantillon, soit une personne sur 4 ».
argent

Les institutions culturelles ?

  • « Pour un francophone sur quatre, le prix d'entrée au spectacle est un réel obstacle. »
  • « Les concerts de musique pop, folk, rock ou jazz concernent 32% de l'échantillon total, soit une progression significative de 13% par rapport à 1985. »
  • « Comme en 1985, le cinéma est l'activité culturelle qui attire le plus large public avec 69% de personnes qui déclarent l'avoir fréquenté au moins une fois dans les douze derniers mois. »
  • « Plus fréquentée par les femmes que par les hommes, l'activité du spectacle vivant est pratiquée de la même manière par les différentes classes d'âges (moyenne de 18 %). »


 

1 Par opposition à l'étude de l' « offre » des opérateurs culturels. Voir à ce sujet le communiqué depresse de Madame la Ministre Laanan(http://www.fadilalaanan.net/downloads/pdf/CRISP_OPC_2009.09.25.pdf)
2http://www.opc.cfwb.be/fileadmin/sites/opc/upload/opc_super_editor/opc_editor/documents/pdf/Pratiques_culturelles-Rapport_complet.pdf

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